• Le petit déjeuner du lendemain de la fête des pères

    "Qu'est ce que tu fais, avec ces réveils ?"

     

    "je les règle."

     

    "fais voir."

     

    je m'écarte, pour qu'il voie, en lui souriant.

    je lui expliquerais bien, mais il ne comprendrait pas.

    Alors je lui souris.

     

    "Mais ils sont réglés, ces réveils, nine."

     

    "Oui oui..."

     

    je lui dis oui, doucement, mais mes doigts, au millième de centimètre près, continuent de régler les réveils.

    Il rit.

     

    "T'es une drôle de fille, tu sais."

     

    j'aime son regard sur moi, lorsqu'il s'éloigne vers la cuisine en haussant les épaules. Une boule d'amour m'entoure, à cause de son regard sur moi.

     

    "Tu t'en vas à quelle heure ?"

     

    "Dès que j'ai fini de régler les réveils."

     

    Il secoue la tête de droite à gauche, moqueur, sans comprendre.

     

    "Tu reviens ?"

     

    Mes doigts s'immobilisent... j'espère. j'espère que je reviens.

     

    "J'ai envie que tu reviennes"

     

    "j'ai envie aussi."

     

    Ses jambes amorcent plusieurs fois le geste de s'éloigner de moi, mais ne le terminent jamais, et, finalement, Il se rapproche.

    Si près.

     

    Ses bras m'enserrent, par derrière, et ses lèvres sont si près de ma peau que je sens la tiédeur de son souffle dans ma nuque.

     

    "Si tu reviens..."

     

    Ses doigts se serrent sur mes seins, tellement fort, Il pourrait les broyer, s'Il serrait juste un petit peu plus. Et ses dents s'enfoncent dans mon épaule nue.

    Je ferme les yeux de douleur et d'envie.

    D'envie, surtout.

     

    je sens mes jambes trembler et le bas de mon ventre bouillir, d'envie.

     

    j'ai passé deux jours à demander. Deux jours à demander qu'Il soit mon Maître, à demander, par tous les moyens possibles.

    Il a fait mine de ne pas comprendre. Il m'a même fait l'amour n'importe comment, sans serrer, sans frapper, sans mordre, sans gifler, et j'en suis ressortie plus vide encore qu'avant.

    Il sait bien, pourtant, qu'avec moi, ça ne sert à rien.

    Et c'est maintenant, à une minute de partir, que ses doigts et ses dents se serrent.

     

    je suis sûre qu'Il l'a fait exprès.

    Exprès pour être sûr que je revienne.

     

    S'Il m'avait donné ma "dose" avant que je m'en aille, je serais revenue moins vite.

    Mais là, tout mon corps L'appelle, et, sans être partie encore, je ne pense déjà plus qu'à revenir.

     

    Si tu reviens...

    Sa voix est menaçante, grave, terrifiante, elle laisse deviner l'intensité du délice des douleurs à venir, sans avoir besoin de les nommer.

     

    Lorsqu'Il me lâche, et que mes yeux se réouvrent, je sens que la base de mes cuisses est trempée, et que mes joues sont pourpres.

     

    Il rit, en s'éloignant, ravi de son coup, et certain de ses conséquences.

    ça se voit dans ses yeux sur moi qui brillent d'une lueur que seule cette certitude leur donnent. j'aime cette lueur.

    j'aime cette lueur, tellement.

     

    Et cette lueur me suit pendant de longues minutes, alors que je m'éloigne.

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    "Je m'en doutais, que tu m'emmènerais ici."

     

    je lui souris, en regardant autour de nous, détaillant chaque recoin de la grande pièce.

    Les petites volutes de fumée près du bar, les grosses fesses de Josy qui se dandinent adorablement, le labrador obèse qui quémande d'une table à l'autre avec des yeux larmoyants, le carrelage décoloré devant la porte, le faux lierre en plastique vert clair qui a pris la poussière, la lumière du fond, à droite, qui vacille depuis des années sans jamais s'arrêter.

     

    "j'aime bien, ici."

     

    "Je croyais que tu n'aimais pas."

     

    "Si, j'aime bien."

     

    "Bon..."

     

    "Quoi?"

     

    "Tu le déballes, ou pas, ton cadeau du lendemain de la fête des pères ? Tu me dis que tu veux me voir pour le cadeau, et tu le déballes pas."

     

    Je ris. Il a une impatience de gosse. j'adore, quand il est comme ça. j'aimerais pouvoir cramer sa boîte, pour qu'il n'y reste plus jamais, et qu'il soit toujours comme ça.

     

    je prends le paquet mal fait ( pourquoi le dernier rouleau de scotch tombe t'il toujours en panne quand on veut emballer un cadeau important ? Pourquoi ? ), et le lui tends, par dessus la petite table.

     

    "waow..."

     

    Il est moqueur. Il sourit. ça fait si longtemps, qu'il n'avait pas souri.

    Il faut dire que le cadeau a vraiment une forme pitoyable.

     

    je rougis... "je sais... mais y'avait plus de scotch."

     

    Quelle couillonne.

    C'est pas grave.

     
     

    Il aligne les trois petits réveils devant lui.

     

    je pouffe doucement de rire.

     

    Il scrute les aiguilles, même les aiguilles des secondes, pendant de longues minutes.

    Et, après que le labrador obèse ait changé de table au moins quatre fois, après que Super Josy ait tiré sur le bas de sa jupe deux fois, après que les aiguilles aient fait au minimum sept ou huit tours de cadran, il relève un air comblé vers moi. 

     

    "Comment tu as fait ?"

     

    "j'en ai chié."

     

    Nos deux rires, il n'y a que nous pour les entendre. Discrets. Un peu honteux. Personne ne comprendrait.

     

    Comment comprendre des coups de peur dans le noir parce que des aiguilles ne tournent pas au même rythme ? Comment comprendre des crises d'angoisse et des coups de colère à taper dans les murs parce que de simples aiguilles ne sont pas synchronisées d'un bout à l'autre de la pièce ? Qui d'autre peut comprendre ? Qui ?

    Personne.

     

    "Merci."

     
     

    Il me demande pardon avec les yeux, mais je n'écoute pas.

     

    "Tu vas jeter celles que tu avais, pas vrai ? Sinon, ça ne sert à rien."

     

    "Oui. D'accord."

     

    Il a tellement honte.

    j'ai mal, qu'il ait si honte.

    je voudrais lui dire que ce n'est rien. Que j'ai eu peur, mais que c'est passé, maintenant. Que je ne lui en veux pas. Que je sais que c'est le manque, et seulement le manque, qui fait ça. Que ses poings n'ont pas fini sur moi, mais sur le mur, et que, donc, il n'y a finalement rien de si grave. Que seuls lui et moi savons, et que personne d'autre des gens qu'il croisera ne saura jamais.

     

    Qu'il n'y a rien de grave.

     

     

     

    Super Josy, et le chien, et les rires des fumeurs du bar, et les allées et venues à la porte, nous sauvent. Il range les petits réveils dans son sac, discrètement, et je fais mine de ne pas voir son geste.

     

    "Il faudra que tu me ravitailles."

     

    je me crispe. Il dit ça pour changer de sujet, pour détendre nos deux visages, mais ça ne marche pas.

     

    je murmure "non."

     

    "Quoi ? "

     

    "Non."

     

    "Pourquoi ?"

     

    je ne réponds pas.

     

    "Tu préfères que je conduise, c'est ça ?"

     

    "Non."

    j'hésite... j'ai peur. je suis vraiment une pute. Une salope.

    Même pas. Une merde de pute.

     

    Que j'ai honte...

     

    Mais il le faut.

     

    "L'hyper est à 3 kilomètres, et... t'es pas infirme, j'crois."

     

    " OK... je vois..."

     

    Comme il m'en veut... C'est grave, comme il m'en veut...

     

    " Pour l'argent, je peux te dépanner."

     

    Ses lèvres se crispent.

     

    "Ou à la limite, donner ta part à Maria, pour quand elle y va, si tu as peur.

    Mais je crois que ce serait mieux si tu te débrouillais. Que ce serait mieux si tu y allais. Il y a même une ligne de bus qui peut te prendre à mi-route, j'ai regardé."

     

    Il me fixe, et je n'arrive pas à soutenir son regard.

     

    "ça te coûte pourtant pas grand chose."

     

    "C'est pas pour ce que ça me coûte."

     

    "C'est pourquoi, alors ? Pour le plaisir de me foutre dans la merde ? Pour le plaisir de me voir emmerdé ?"

     

    Il ressort les réveils du sac, et les pose devant moi, sur la table.

     

    "Tiens, tu peux les garder."

     

    Mes tripes se tordent.

     

    Avant qu'il ne s'éloigne, j'ai la force, même si mes yeux sont trempés, à l'intérieur, sans qu'aucune larme ne s'en échappe.

     

    "C'est pour toi."

     

    j'ai parlé fort, et j'ai peur que les autres nous regardent. Mais personne n'a fait attention.

    je tremble des pieds à la tête, sur ma chaise.

     

    Il se retourne, et me regarde.

    je ne vais pas baisser les yeux. Si je les baisse maintenant, rien ne va changer.

    je ne vais pas les baisser.

     

    Il se rassoit, en silence, ses yeux toujours dans les miens.

     

    Plusieurs minutes passent, avant qu'il ne répète "Pour moi ?"

    Il murmure presque. je n'ai pas l'habitude.

     

    je fais oui avec la tête.

    Plus aucun mot ne sortira, l'intérieur de ma gorge s'est noué sur lui-même, et l'air ne peut plus passer.

     

    Sur la route de Memphis remplit le silence entre nous deux, et, au dernier couplet, il reprend les réveils entre ses doigts, et les ramène à lui, avec douceur, pour ne pas décaler les aiguilles.

     

    C'est lui qui baisse les yeux.

    Juste à temps, avant que l'eau dans les miens ne puisse plus y tenir.

     

    "Merci."

     

    Il se lève.

    j'ai juste eu le temps d'effacer les larmes sur mes joues, avec mon poignet, avant qu'il ne me regarde à nouveau.

     

    "Tu me ramènes, ou là aussi, je dois marcher à pieds ?"

     

    Son regard est rieur, et je ris aussi.

     

    "Bien sûr, que je te ramène."

     
     

    Merci papa.

    Merci de m'aider à t'aider, même si ça va doucement.

    Merci d'avoir fait demi-tour, au lieu de t'en aller.

    Merci merci merci merci, d'avoir fait que, pour le petit déjeuner du lendemain de la fête des pères, les choses bougent un petit peu. Merci.

     
     
     
     
     
     
     
     

    "Tu es revenue?"

     

    je suis bouillante, dans mon ventre, dans mes joues, entre mes cuisses, partout...

    je suis vivante et bouillante.

     

    "Bin oui."

    je ris.

    "Tu avais dit que, si je revenais..."

     

    je n'ai pas le temps de finir ma phrase.

    Ses doigts s'entourent autour de mes cheveux, qu'il tire en arrière.

     

    Il tire fort, en arrière, et vers le bas, et mes jambes flanchent sous moi.

     

    Mon corps à genoux sous le sien est cambré en arrière. Mon cœur bat la chamade. Il ne m'a pas encore touchée, mais, déjà, ma poitrine se secoue de spasmes de désir, et mes lèvres gémissent à chacun de mes souffles.

     

    je souris de plaisir, lorsque ses doigts déboutonnent mon haut, puis mon soutien-gorge, et que ses ongles griffent ma nuque, mes seins, et mon ventre.

     

    Il me dit d'être nue, et mes mains font glisser le tissu si vite que je ne m'en rends même pas compte.

    Pas avant le premier coup sur mes cuisses, puis le deuxième sur mes fesses.

     

    Sa main plaque le haut de mon corps sur le sol, puis s'engouffre entre mes cuisses, pressant tellement fort que je me mords la lèvre pour ne pas crier.

    je suis si trempée que j'ai l'impression d'être en train de me vider de plaisir sur ses doigts, qui appuient, qui massent, qui pincent, qui tirent, qui s'engouffrent, qui se retirent, et qui s'engouffrent encore.

     

    Son autre main frappe, et, plus elle frappe fort, plus mes fesses se tendent.

    Et, plus mes fesses se tendent, plus sa main entre mes cuisses se fait brutale, et plus je sens mon plaisir brûlant s'écouler, traînées brûlantes le long de ma peau, jusqu'au pli de mes genoux.

    je ne suis plus que douleur et plaisir.

    je ne suis plus que Soumise, entre ses doigts, et tellement de plaisir envahit mon corps que je ne suis plus capable de ne pas trembler, que je ne suis plus capable de ne pas gémir, et gémir encore.

    Gémir à chaque coup, à chaque caresse, à chaque douleur...

     

    La peau de mes fesses est brûlante, mais pour rien au monde je ne voudrais que la douleur cesse, et je murmure "merci" chaque fois que sa main claque plus fort sur ma peau.

     

    Il retire sa main chaque fois que mes reins se cambrent, faisant traîner le supplice, le délice, plus longtemps encore, et, chaque fois, je le supplie de continuer, en gémissant, en remerciant, en me tendant plus encore vers ses doigts.

     

    Lorsqu'il m'attrape à nouveau par les cheveux, et me retourne, mon dos claquant sur le sol, je croise ses yeux brillants, si brillants, et lui souris.

     

    je le vois se saisir du martinet, et je réalise à quel point Il m'a manqué, à quel point son sadisme se déversant sur ma peau m'a manqué, à quel point le manque s'enfuit de moi, à chaque coup, et à quel point c'est bon.

     

    De moi-même, j'écarte les cuisses, lui offrant ce qu'il aime le plus rougir, marquer, malmener, sensibiliser au maximum, pour pouvoir se délecter de la douleur qui en résulte, des jours après encore, sans même avoir besoin de frapper à nouveau.

    je crie à chaque coup, autant de plaisir que de douleur, et me tends davantage à Lui à chaque coup, remerciant, encourageant, suppliant du regard.

     

    Lorsque, enfin, les coups cessent, mon corps continue à se crisper régulièrement, comme si la douleur n'avait pas cessé de l'assaillir toutes les 10 secondes, et il faut de longues minutes avant que mon esprit réalise qu'il n'a plus besoin de se bloquer comme ça, puisque la douleur a cessé.

     

    Mon Maître me soulève, et, au moment où Il s'enfonce en moi, un dernier spasme me secoue des pieds à la tête, libérant avec lui le reste des douleurs liées au manque, qui m'avaient faite souffrir depuis si longtemps, il me semble...

     

    A peine nos deux corps séparés, je réalise qu'il n'y a plus de peur, en moi.

    Plus de peur, plus de tristesse, plus de mal-être, plus rien.

    Rien d'autre que du soulagement, et de l'amour.

    Juste ça.

     

    Et je remercie le Ciel de m'avoir donné le droit de savoir ce que c'est que d'être une Soumise.

     
     
     
     

     


  • Commentaires

    1
    Chipie
    Lundi 28 Juillet 2008 à 11:02
    Heureuse!
    Mon Dieu!!! quelle victoire sur toi-même!! qelle force...et je crois que depuis peu tu exprimes clairement le fait que tu es soumise! Depuis ton départ et celui de nos amis communs, je me sens encore plus seule...aussi, merci pour ton cadeau : cette adresse! Je t'aime!
    2
    Chipie
    Lundi 28 Juillet 2008 à 11:03
    Heureuse!
    Mon Dieu!!! quelle victoire sur toi-même!! qelle force...et je crois que depuis peu tu exprimes clairement le fait que tu es soumise! Depuis ton départ et celui de nos amis communs, je me sens encore plus seule...aussi, merci pour ton cadeau : cette adresse! Je t\'aime!
    3
    Chipie
    Lundi 28 Juillet 2008 à 11:03
    Heureuse!
    Mon Dieu!!! quelle victoire sur toi-même!! qelle force...et je crois que depuis peu tu exprimes clairement le fait que tu es soumise! Depuis ton départ et celui de nos amis communs, je me sens encore plus seule...aussi, merci pour ton cadeau : cette adresse! Je t\\\'aime!
    4
    nine
    Lundi 28 Juillet 2008 à 15:26
    :-)
    Merci à toi d'être venue, petite Chipie. moi aussi, je t'aime.
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    5
    Dom Minou
    Vendredi 12 Décembre 2008 à 21:13
    Toi simplement toi
    Ma toute Belle Nine !! Dire qu'il m'aura fallu le fruit du Hasard pour découvrir ton Petit Blog.Comme elle est Belle Cette Ange !!!! C'est toi ! Je t'ai reconnu.... Mille baisers ma toute Belle ! Dom.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :