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    20H.... je pose mon casque, et regarde les gens autour de moi.... beaucoup de nouveaux.... beaucoup d'anonymes, dont je ne sais même pas le nom....
    je frotte mes yeux engourdis par l'écran du scripte....  il y a eu trop de monde et trop de bruit ici aujourd'hui..... les trois équipes ensemble, c'est trop....  
    je n'ai qu'une seule envie: être enfin seule.....  
    seule.... non.... avec Lui, tout simplement.
     
    deux bras me secouent doucement " tu dors ici nina?"  je sourie.... heureusement qu'elle est là.... même si ses cheveux sont limite jaunes, avec des mèches roses et des toutes petites couettes au dessus de son visage qui lui font vraiment une drôle de tête .... au moins.... c'est un visage familier et presque toujours joyeux dans cette grande pièce grise et impersonnelle.... c'est simplement ma "copine de galère".....  
     
    dans le bus, tout est en coton.... le brouhaha s'est enfin tu, mais le casque m'a rendue sourde.... absolument sourde.... je demande à Lulu si elle aussi est sourde.... elle rigole , et je lis sur ses lèvres " j'entends rien ! "
    il paraît que ça fait le même effet, quand on prend l'avion....
     
    "c'est ton arrêt nina!"  
     
    le son est revenu ! je n'y avais même pas fait attention ! je joue des coudes pour arriver jusqu'à la porte.... et je descends.... un signe de main à Lulu, qui me tire la langue....
     
    je savoure l'air frais du dehors.... il recommence à faire froid.... on est pourtant déjà en mai....
     
     
    je décide de passer par les petites rues parallèles à l'avenue, pour avoir le temps de rêver un peu... j'adore ces petites rues.... elles ont l'air de serpenter entre elles pour aller partout et nulle part.... Le bruit familier de l'unique fontaine du vieux centre qui est restée en marche résonne fort contre les hauts murs, et on peut entendre son écho de n'importe laquelle des rues... elle masque même le bruit de la circulation, sur l'avenue.....  
     
    je pousse enfin notre porte....  
     
    Mon Maître est là....il m'attendait , je crois....
     
    " tu es en retard."
     
    je jette un regard distrait à ma montre.... il est presque 21H .... oui.... c'est vrai.... je suis en retard....
     
    je m'agenoue devant lui, et demande pardon du regard... sa mine fâchée s'enfuit vite, et il me sourit.... il s'est peut être inquiété un petit peu, après tout, tout simplement....  
     
    je suis fatiguée... je me relève prudemment, demandant la permission , par acquis de conscience, en le fixant du regard... il acquiesce de la tête....  
     
    je dépose un baiser pressé sur sa joue.... m'enivre un instant de son sourire.... et je file vers la salle de bain....
     
    une douche.... j'en ai rêvé !!!!! on manque tellement d'air sur cette plateforme....
     
    Lorsque je le rejoins, j'ai pris soin de détacher mes cheveux, de les démêler comme il faut, pour qu'ils retombent sagement le long de mon dos, et de choisir de porter un ensemble qui, je le sais, lui plaît particulièrement.... un tissu de coton clair, fin et confortable, avec des lacets souples, rose pâle, qui s'entremêlent le long de mes seins, se rejoignent au milieu de ma poitrine, et s'enfuient le long de mon ventre pour aller se perdre vers mon intimité....
     
    je m'approche de lui, essayant, malgré la fatigue de la journée accumulée, d'être aussi féminine et "féline" qu'il le mérite.... d'être.... à lui, tout simplement....
     
    mais.... très vite.... je me rends compte qu' il ne me regarde pas.... il a l'air "envoûté" par la télé....  
    en moi-même, je maudis cette vilaine petite chose de le voler à moi pour la soirée....  
     
    mais.... je ne me sens pas vraiment seule.... Sa présence à elle-seule me suffit.... et, de toutes façons, je n'ai plus vraiment de forces....
    je toussote doucement pour attirer son attention, et, du regard, je lui demande l'autorisation de le rejoindre... il me sourit ..... et je viens poser mon visage sur sa cuisse.....  
    je regarde sans les voir les images qui défilent sur l'écran.... je ne ressens qu'une seule chose: ses doigts qui se promènent distraitement sur ma joue, et dans mes cheveux.... je suis leur mouvement, me concentrant uniquement sur eux.... j'oublie tout.... et je suis bien.....
     
     
    "réveille toi petit chamalo ! "
     
    sa voix se fait douce.... presque tendre.... la pièce paraît silencieuse.... j'entrouvre les yeux.... la télé est éteinte.... je relève un regard endormi vers mon Maître....
     
    "il est tard ninette.... "
     
    je regarde l'heure.... il est minuit passé.....  
    j'ai vraiment dormi longtemps.... pourtant, je ne me suis même pas rendu compte de m'être endormie....
    je lui souris..... mon visage est un peu engourdi de Sa chaleur....  
     
    il me repousse doucement.... comme pour me pousser vers notre chambre.... mais.... je suis un peu triste.... ça serait tellement triste une journée aussi quotidienne et banale, à la fin de laquelle je ne prendrais même pas le temps de lui offrir un petit peu de plaisir....
     
    sans un mot, je me glisse à ses pieds, et je relève mon regard vers le sien.... et, à la manière d'un petit chien, je gémis doucement, en faisant la moue avec mes lèvres....  
    il a l'air amusé, et ne peut se retenir de rire.... je lui souris, sans pour autant bouger d'un millimètre.... c'est vrai qu'il doit me trouver un peu folle, parfois....
     
    il fait oui avec la tête, et guide mon visage.... je déboutonne son pantalon avec mes doigts, lentement, et ouvre sa braguette avec mes dents.... il n'a rien perdu de ce petit air moqueur et amusé que j'adore, et il me regarde avec attention, guettant peut-être un faux pas..... mais..... il n'y en aura pas! j'ai trop envie de vous, Monsieur.... de vous offrir, toujours et encore plus....
     
    je lape doucement son sexe, qui ne tarde pas à durcir sous la caresse.... je me sens si chienne.... si sienne.... dans ces moments là....et seul Son plaisir compte à mes yeux....
    je continue à caresser son sexe du bout de la langue, lui laissant l'initiative de m'en demander plus.... ce qui ne tarde pas beaucoup.... il glisse ses doigts sous mon visage, et presse doucement la commissure de mes lèvres.... je l'accueille dans ma gorge sans plus de préambule, fière de ne pas toussoter, fière de ne pas me retirer....
    je sens qu'il glisse son pied entre mes genoux repliés sur le sol , que j'écarte instinctivement.... la plante de son pied s'écrase presque violemment sur la base de mes lèvres, provoquant un gémissement de plaisir immédiat, qui le conduit plus loin encore dans ma gorge....
    ça y est.... le moment que je préfère arrive.... il glisse ses doigts dans mes cheveux, qu'il saisit à pleines mains, et se masturbe de plus en plus profondément en moi, écrasant littéralement mon visage contre lui, se laissant aller comme si je n'étais rien d'autre que Sa soumise, comme si je n'étais plus moi-même, comme si je n'avais plus besoin de respirer pour survivre, puisque c'est Son plaisir qui me maintient en vie.... lorsque j'ai un mouvement instinctif de recul, il me punit en maltraitant mon bouton de plaisir avec son pied.... le plaisir me scie en deux, et je n'ai plus aucune volonté pour lui résister de quelque manière que ce soit....
    chaque fois que le manque d'air me fait faiblir et oublier Son plaisir, la plante de son pied éveille mon instinct, le plaisir m'affole, et je redeviens femelle...  
     
    lorsqu'il se calme enfin en moi, et se retire, je reste longtemps pantelante à ses pieds, essayant de retrouver mon souffle....  
    je croise son regard.... ce regard qui éveille toujours tellement de sentiments en moi.... une confiance absolument aveugle et sans limite, une sensation de sécurité.... de protection.... de.... de Lui, tout simplement.... mon Maître.... celui qui a mis un cadre autour de ma vie, pour l'empêcher de s'échapper en petits morceaux éparses.... et qui, aujourd'hui, semble contempler l'intérieur du cadre....Son oeuvre....  
    j'ai tellement besoin de le remercier d'être là.... simplement d'être là pour moi.... il a tous mes "mercis"....tous ceux que j'ai retenus... comme s'il fallait tous les stocker en moi, pour Lui.
    est ce qu'il sait tout ce que je ressens en ce moment...? qu'est ce qu'il cache derrière ce regard pudique? est ce que le mien en dit aussi peu.... je ne crois pas.... je suis persuadée qu'il peut lire tout ça en moi.... qu'il peut tout voir....
    mon "merci" reste muet, en moi.... et je me penche à nouveau vers son sexe repu, que je caresse du bout des lèvres.... tout doucement.... il se laisse aller contre le dossier du clic clac, et j'entends qu'il allume une cigarette.... l'odeur se répand dans la pièce....sa main libre cajole mes cheveux.... je relève les yeux vers lui.... son regard semble perdu dans le vague....  
     
    je sursaute.... le bruit a tué le silence de la pièce.... Notre silence.... Notre nuit.... Notre calme après le plaisir....
    le téléphone sonne.... à cette heure là? qui ça peut bien être?
    mon Maître soupire, laisse résonner trois sonneries et décroche....  
     
    le haut parleur est déclenché.... je reconnais cette voix.... claire.... presque enfantine.... je la reconnaîtrais parmi milles....  

     
     

    "bonjour. nina est là?"
     
    c'est Favio. aux premières syllabes qu'il prononce, je sais que sa voix tremble.
     
    n'importe qui ne l'entendrait pas..... n'importe qui  dirait que j'imagine.... mais je n'imagine pas. je sais.
     
    je tends la main vers le combiné..... une boule d'angoisse s'est déjà serrée trop fort dans mon ventre.... mon Maître frappe doucement sur mes doigts, et me repousse..... de quel droit ? je ne dis rien.....
     
    "oui."
     
    "je peux lui parler?"
     
    il a fait un cauchemar. il n'a pas besoin de le dire. j'ai déjà compris. à l'intonation de sa voix.... rien qu'à ça....
     
    "non".
     
    non ?????? pourquoi ???? je jette un regard de reproche à mon Maître. à quoi il joue ? pourquoi non ?
     
    Favio ne parle plus.... sans doute déstabilisé par cette réponse à laquelle il ne s'attendait pas....
     
    "elle dort, c'est ça?"
     
    mon Maître ne répond pas....  
     
    je fais un mouvement, pour me relever.... Favio a besoin de moi, et Maintenant. je n'ai pas le droit de le lâcher.  
     
    la main de mon Maître se pose sur mon épaule, puissante, inflexible.... il me maintient à ma place.... je le supplie du regard.... il sait, pourtant..... il sait ! et il me laisse là, par terre, à ses pieds, alors que le petit va mal.....
     
    "il y a quelque chose d'important Favio? il est tard."
     
    Un silence.... interminable.... comment le petit pourrait lui répondre ???? comment il pourrait lui dire ? j'essaie de me débattre.... mon Maître va trop loin.... ça dépasse le "jeu".... il n'a pas le droit de m'empêcher de répondre à Favio, quand il a besoin de moi.
     
    "non.... rien de vraiment important.... j'aurais pas dû appeler.... c'est vrai qu'il est tard. bonne nuit Raphaël. ne dis pas à nina que j'ai appelé."
     
    il raccroche.... déjà.... je suis sûre que Favio est en train de pleurer....
     
    je me dégage....  
     
    "pourquoi tu fais ça?"
    il ne me répond pas.... ne me regarde pas.... et s'éloigne....  
     
    c'en est trop.... pourquoi j'obéirais? c'est Ma vie !!!! il n'a pas le droit d'intercéder ! je tends la main vers le combiné.... il se retourne... je le fixe dans les yeux.... du regard, je lui dis: " ne va pas trop loin Raphaël ! ne va pas trop loin ! "
     
    je compose les premiers numéros....  
     
    il s'est approché sans un mot... sa main s'est serrée autour de mon poignet....  
     
    "arrête Raphaël. t'as pas le droit. s'il te plaît, ne fais pas ça...."
     
    il force mes doigts à raccrocher ce téléphone....  
     
    il me tire vers notre pièce, déjà.... j'essaie de résister.... pour la première fois, la toute première fois, je lui résiste.... je ne comprends rien à ce qu'il est en train de faire.... il va trop loin, beaucoup trop loin....
     
    il me pousse à l'intérieur de notre pièce.... je ne veux pas. pas maintenant! je ne peux pas!  
    je lui fais face.... les premières larmes m'assiègent.....
     
    il me regarde.... sans rien dire.... claque la porte derrière lui.... et pousse le verrou....
     
    mon cœur fait un bond dans ma poitrine.... j'ai envie de taper cette porte, de l'enfoncer, de faire céder ce verrou.... je le déteste !!!! je le déteste de toute mon âme !!!!
     
    moi qui ai toujours été si douce.... qui n'ai jamais ressenti autre chose pour lui que de la dévotion, de la reconnaissance, de l'affection, de l'amour même, je crois.... je ne me reconnais plus....  
     
    "Raphaël !!! ouvre moi !!!! pourquoi tu fais ça ? pourquoi ? t'as pas le droit !!!! arrêtes !!!! je t'en supplies ouvre moi !!!! Raphaël !!!!! tu comprends rien toi à tout ça !!!! tu crois que tout est facile ????"
     
    je lui cris dessus comme jamais.... à en perdre le souffle....  pendant des minutes.... interminables.... jamais je ne lui ai parlé comme ça....  
    mais....il s'est éloigné.... il ne me répond même pas.... est ce qu'il m'entend, au moins ???? je le déteste !
     
    je tombe à genoux, de l'autre côté de cette porte.... la boule d'angoisse va m'étouffer, j'en suis sûre et certaine.... l'asthme va me tuer....
     
    je murmure " je te déteste Raphaël.... je te déteste.... quand tu ouvriras cette porte, je partirai, et je ne reviendrai jamais.... jamais... je te déteste... tu n'as pas le droit.... tu n'as pas le droit...."
     
    je crois que cette fois-ci c'est la fin.... je ne peux plus respirer.... je n'ai même plus le droit à ce mince filet d'air qui me maintient en vie.... la pièce tourne autour de moi.... je ne sais même plus comment on respire.... comment.....
     
    ma voix est inaudible..... " je te déteste"..... mon visage est trempé de larmes....
    je pense à Favio... uniquement à Favio.... je revois son visage d'ange.... ce soir là.... dans cette chambre d'hôpital....
     
    tous les jours, je les harcelais.... tous les jours.....  

    je les entendais....  : "Pourquoi Favio ne mange plus ? Pourquoi Favio se laisse mourir ? c'était un enfant si plein de vie...."
    ils parlent déjà de lui au passé.... Favio meurt.... mon petit frère.... ma chair.... mon sang.....  
     
    laissez moi lui parler..... juste quelques minutes.... emmenez moi dans cet hôpital..... je ne peux pas vous dire pourquoi, sinon vous me détesterez , mais c'est ma faute si Favio meurt.... emmenez moi..... emmenez moi avec vous, par pitié..... juste une fois.....
     
    ils ont accroché des tuyaux à ses bras.... son visage est éteint.... mon Dieu, mais qu'est ce que j'ai fait ????? qu'est ce que j'ai fait ????  
     
    je le secoue doucement..... il ouvre les yeux , et me sourit....
     
    "nina !!!!"  
     
    un instant, il a eu dans les yeux la lumière de nos jeux d'enfants....
     
     il y a tellement de choses que je voudrais lui dire.... mais rien ne vient.... il est tellement petit..... qu'est ce qu'il comprendrait à tout ça ????  
     
    " nina, est ce qu'elle est revenue ? "
     
    peut être qu'il faudrait que lui mente.... pour qu'il mange.... pour qu'il vive.... mais.... ce regard.... non.... je ne peux pas lui mentir.... plus maintenant....
     
    " non Favio. elle n'est pas revenue. "
     
    le petit serre fort ses bras autour de moi.... je bloque ma respiration, pour qu'il ne sente pas mes sanglots.....  
     
    "invente moi une histoire nina."
     
    je réfléchis.... vite.... très vite.... et je raconte.... je ne sais pas d'où viennent tous ces mensonges.... peut être de son regard..... qui a besoin de fuire la vérité.... qui me fixe, si profondément....
     
    les derniers mots de mon mensonge sortent.... le petit sourit....
     
    "elle est belle ton histoire nina. on peut faire semblant d'y croire, juste tous les deux ? "
     
    je fais oui avec la tête.... oui.... bien sûr.... tout ce qu'il veut.... du moment qu'il mange.... du moment qu'il vit....
     
    ses yeux se remplissent de larmes.... pitié Favio, ne pleure pas! si tu pleures, je vais craquer.... je sais que tu es trop petit, mais sois fort, s'il te plaît....  
     
     
    " c'est moi nina..... c'est moi qui l'ai dit.... excuse moi.... je t'avais promis que je dirai rien, mais j'ai pas fait exprès.... c'est sorti tout seul.... c'est ma faute nina...."
     
    ces mots dans la bouche d'un enfant si petit.... je voudrais mourir..... non Favio.... ça n'est pas ta faute....  
     
    pourquoi je lui ai parlé ????? pourquoi je lui ai dit la vérité ???? pourquoi.... je n'ai même pas réfléchi.... je lui ai balancé la vérité , sans réfléchir.... je suis une criminelle.... j'ai tué son enfance.... qu'on me mette en prison.... qu'on me tue.... qu'on me punisse.... n'importe quoi mais qu'il se passe quelque chose.... ne me laissez pas impunie....  
     
    mais.... il n'y a aucune loi qui punit les mots.... aucune....
     
    je le repousse doucement..... "si je ne t'avais rien dit, tu ne l'aurais pas répété."
     
    il ne me répond pas.... il fixe je ne sais pas quoi, par la fenêtre.... les minutes sont trop longues....  
     
    lorsqu'il fixe à nouveau son regard dans le mien, il a beaucoup plus de 5 ans.... ce n'est plus un enfant.... il me fixe avec une force qu'il n'a jamais plus eu depuis....
     
    " alors, c'est Ta faute."
     
    une évidence.... prononcée si clairement.... oui.... c'est ça....  
     
    je ne peux pas soutenir son regard....  
     
    "oui."
     
    il me fixe longtemps.... il attend une faille.... il veut être sur que c'est Vraiment ma faute.... je ne faiblis pas.... je garde mes yeux dans les siens....
     
    d'un seul coup, son visage change d'expression.... je crois qu'il vient de me croire.... il me sourit.... mais.... je rêve !!!! c'est impossible !!!! il vient de reprendre ce regard pétillant, de nos jeux d'enfants.....
     
    "nina...?!?"
     
    "oui?"
     
    " j'ai faim  !!!!! "
     
    j'ai envie de rire..... de sourire à tout le monde.... Favio a faim.... Favio vit....
     
    Favio est sorti trois jours plus tard de l'hôpital.... et il s'est accroché à moi tellement fort....  
     
    je ne suis pas capable d'une telle responsabilité.... je n'ai pas l'âge.... je n'y arrive pas.... d'ailleurs, j'ai besoin d'apprendre à connaître mon père, j'ai besoin de le consoler....  
    J'ai besoin de dire la vérité, aussi, et surtout de demander pardon.... j'ai besoin de me faire engueuler pour ce que j'ai fait.... Mais.... pas le temps.... tout va trop vite.... Favio est là.... toujours là..... à réclamer.... toujours plus.... je n'en peux plus.... j'étouffe.... je me donne du courage, en me disant que c'est seulement " en attendant " mais.... les années passent.... j'ai attendu pour rien.
    est- ce qu'on peut être mère quand on n'est pas adulte ????  
    c'est un enfant colérique et capricieux.... mais.... je réponds quand même à tout ce qu'il veut.... d'ailleurs.... je l'aime plus que quiconque.... je l'aime tellement fort..... je le fais grandir à coups de rêves et d'histoires, je lui déchiffre les nuages et les étoiles, je lui fais un univers d'enfant, où tout est beau....  
     
    et moi j'étouffe....
     
    les adultes trouvent ça "mignon".... ils nous prennent en photo, le petit dans mes bras.... je regarde la photo.... ça n'est pas mignon !!!!! c'est étouffant !!!! aidez moi !!!!! faîtes quelque chose !!!!!
     
    rien n'est fait.... de toutes façons, il n'y a rien à faire....
     
    de "mignon" , c'est passé à "normal".... et quand Favio pleure, on appelle nina.... pour le calmer.... pour le faire manger....  
     
    quand j'essaie de l'abandonner, il meurt.... alors je reviens.... chaque fois.... je passe avec lui chaque étape.... les très bons moments.... comme les très mauvais..... et les années s'égrainent....
     
    bercées par les cauchemars.... que nous faisons ensemble.... car nous avons les même images en tête.... et les même sanglots au réveil....
    je n'ai pas le droit d'abandonner Favio.... je n'ai pas le droit....

     
    "nina !!!! respire !!!! nina, regarde moi !!!! "
     
    Raphaël est là.... j'essaie de parler, mais.... je ne respire plus.... je jette un regard derrière lui, derrière cette porte, sur le tiroir du petit meuble, où il y a la Ventoline....  
     
    j'essaie d'articuler.... pour qu' il comprenne.... impossible....
     
    "je sais ce que tu veux nina. mais tu n'en as pas besoin. regarde moi."
     
    il élève le ton "regarde moi!"
     
    j'obéis....
     
    "desserre tes poings."
     
    je jette un coup d'œil sur mes mains.... il y a du sang sur mes avants bras.... mes ongles sont entrés dans ma peau....
     
    "desserre les nina.... allez...."
     
    il glisse ses doigts au milieu des miens, et les écarte....  
     
    "desserre les....voilà.... comme ça.... "
     
    je m'accroche par réflexe à ses doigts....  
     
    "oui.... là tu peux serrer....
     
    maintenant regarde moi. et respire....."
     
    j'essaie de me fixer sur son visage, mais je n'y arrive pas....j'appuie mon visage contre son épaule.... c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour prendre sur moi.... l'air revient doucement....  
     
    je reprends conscience.... et je pense à Favio.... combien de minutes se sont écoulées depuis qu'il a appelé? est ce qu'il m'en veut, de le laisser? est ce qu'il a peur, en ce moment???? peut être qu'il va mieux.....
     
    pourquoi Raphaël m'a fait ça.... et.... tout ce que je lui ai dit.... pourquoi je lui ai dit tout ça.... je n'en pensais même pas la moitié....
     
    " tu sais, c'est pas vrai que je déteste...."
     
    "je sais. tais toi nina. tais toi et respire...."
     
    il me repousse doucement, et me sourit " ça va mieux?"
     
    je baisse la tête.... je ne le hais pas, mais je lui en veux.... "oui."
     
    un seul mot me reste en travers de la gorge.... "pourquoi?"
     
    "pourquoi quoi?"
     
    "pourquoi tu m'as fait ça?"
     
    il passe une main sous mon menton.... " nina.... quel âge a Favio....? "
     
    les mots sont durs à prononcer.... ça n'est pas une question d'âge.... il ne comprend pas....
     
    je murmure " 15 ans...."
     
    " 15 ans. oui. presque un adulte. combien de temps encore nina ? combien de temps tu vas continuer à être comme ça ? "
     
    je sens les sanglots remonter.....
     
    "non. ne pleure pas. respire.... et réponds moi."
     
    " je sais pas.... "
     
    "qu'est ce que je suis pour toi nina ? "
     
    je le regarde sans comprendre.... il est.... mon Maître.... mon ami.... il est.... Tout....
    " mon Maître, Monsieur...."
     
    il fait oui avec la tête.....  
     
    "oui....
     
    .... alors tu vas faire ce que je te dis nina. tu vas venir t'endormir, avec moi.... et tu vas laisser le combiné du téléphone où il est...."
     
    mes yeux se remplissent de larmes....
     
    je n'ai jamais fait ça..... je n'ai jamais laissé Favio seul, quand il avait besoin de moi.... je n'ai pas le droit.... je suis une criminelle.... j'ai tué son enfance....
     
    pourtant.... je fais oui avec la tête.... et je suis Raphaël.... je passe à côté du téléphone, sans le regarder....
     
    j'ai peur..... tellement peur.... je m'assieds à côté de mon Maître, et replis mes jambes contre moi.... je n'ai pas encore retrouvé assez d'air pour pouvoir m'allonger....je tremble.... c'est incontrôlable....
     
    "nina.... regarde moi....
     
    .... regarde moi !!!! "
     
    j'obéis....
     
    "tu me fais confiance????"
     
    je fais oui avec la tête....il hausse la voix "réponds moi !!!"
     
    je murmure "oui Monsieur.... oui."
     
    "je te jure qu'il ne mourra pas. je te le jure."
     
    il fixe ses yeux dans les miens tellement loin que j'ai l'impression qu'il voit tout au fond de mon âme....  
     
    "tu me crois ? "
     
    je ne sais pas si je le crois ou non.... j'ai simplement peur....
     
    "réponds moi nina. "
     
    je murmure "oui...."
     
    "alors dis le!"
     
    la première fois.... la toute première fois où je ne répondrai pas à Favio.... parce que.... c'est presque un adulte.... parce que.... je suis presque libre.... mon Maître est en train de m'offrir tellement plus que la soumission.... il me tient en vie à bout de bras, et m'offre ma liberté.... je baisse les yeux vers ses mains.... dans lesquelles j'ai enfoncé mes ongles.... et sur lesquelles le sang perle....
    merci Raphaël.... non, je ne te déteste pas.... merci....
     
    je viens de réaliser que je respire.... je respire même bien....
     
    je souris....  
     
    " je te crois....
    .... je vous crois Monsieur...."
     
     
    jamais je ne serai capable de te rendre le simple dixième de tout ce que tu m'as offert.... je ne sais même pas si tu es conscient que tu m'as tout donné.... tout.... ça n'est pas moi qui me suis offerte à toi, c'est toi qui m'as offerte à moi-même....
     
    merci Monsieur.... je vous crois....  
     
    je te crois Raphaël.

     




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  • elles arrivent, comme une nuée d'oiseaux bruyants et colorés..... leurs rires résonnent sur les parois des immeubles de chaque côté de la rue.... comme tous les jeudis soirs.... elles ont aux poignets des pompons multicolores, autour de la taille des slogans qui me font sourire et que je ne comprends qu'à moitié, et dans la voix une insouciance que je ne connais pas.... pourtant, elles ont ma jeunesse.... le même âge, peut être même quelques années de plus..... alors pourquoi je me sens à des milliers d'années d'elles ? étudiantes, pompon girls, qui rentrent des études qui construiront leur vie future , les cheveux relevés en une queue de cheval typique, le regard sûr et insolent.... elles sont tout ce que je ne suis pas....  
     
     si j'avais eu l'occasion d'avoir la même vie qu'elles, est ce que je leur aurais ressemblé? est ce que j'aurais été plus fière?  
    aujourd'hui, je voudrais que le passé ne me rattrape jamais, car je sais que s'il me retrouve, il me dira: "c'est ça que tu as fait tout ce temps? rien de plus? il n'y a pas de quoi être fière, et si j'avais su, je ne t'aurais pas retrouvé....."
    ne me retrouve pas. ça n'en vaut plus la peine maintenant. tu ne serais pas fière de ce que je suis devenue. je sais bien que ça n'est pas ta faute, mais à force de t'attendre, j'ai oublié d'avancer, et aujourd'hui que je prends le temps de me regarder, je me vois là, assise sur le bord du chemin.... et je ne ressemble pas à grand chose....  
    si..... je suis un caméléon.....   j'ai vivoté, m'adaptant jour après jour à eux.... tu m'avais dit de les détester, de ne pas leur faire confiance.... tu m'avais fait juré de ne jamais m'en faire des amis.... j'ai essayé.... je te promets que j'ai essayé longtemps.... mais tu vois, moi je n'y arrive pas.... et pire..... si tu savais, c'est toi qui me haïrais.... mais.... aujourd'hui j'essaie de leur ressembler, parce que je les trouve plus fiers que nous....  
    pourtant ça n'a servi à rien que j'essaie de devenir un caméléon.... j'ai quand même oublié d'avancer. comme si je continuais à attendre.... attendre quoi? il n'y a plus rien à attendre. l'histoire est écrite, on ne peut plus en changer les lignes.... et maintenant je ne sais plus que vivoter. je vivote, jour après jour..... et je crois qu'il est déjà trop tard pour apprendre à faire autre chose que vivoter.... pardonne moi de n'avoir rien su faire d'autre..... de n'avoir rien fait de tout ce dont tu rêvais pour moi....
     
    leurs rires s'éloignent, déjà..... et moi mon cœur se serre de honte....
     
    un frisson caresse ma cheville.... je sursaute..... je baisse le regard.... c'est juste Noumnoum qui s'est couché à mes pieds.... mon vieux chat.... à croire qu'il le sent chaque fois que je pense trop, puisqu'à chaque fois sans exception il vient contre moi faire taire l'averse d'angoisses qui me ronge l'esprit, et apaiser le rythme de mon cœur qui s'emballe....
    il râle un peu quand je le prends dans mes bras....mais sa chaleur fait que je me souviens..... le soir où je suis arrivée ici, pour du bon..... après avoir répété cent fois dans ma tête le  
    "reste"
    que m'avait murmuré mon Maître.... qui n'était pas encore mon Maître, d'ailleurs...  je me souviens de Noumnoum, qui, dans mes bras, tremblait comme une feuille contre mon corps trempé..... je me souviens de cette route interminable, seule, simplement avec mon chat et mon sac..... et la pluie..... et mes chaussures trempées....et le gris...le gris du ciel.... le gris de la route.... le gris de mon esprit, qui paraissait lui-même surpris de ce que j'étais en train de faire.... et le passé derrière moi..... et....... rien...... Rien...... absolument Rien.....
    si..... mes jambes qui s'arrêtent de marcher, mon corps qui s'immobilise devant une porte....  la porte qui s'ouvre devant mon esprit engourdi par les kilomètres.....  
    Lui.....son sourire.... Lui..... ses doigts qui me prennent le chat des bras, laissant apparaître mes seins moulés par le tissu trempé et pointés par le froid ..... lui....juste Lui.... rien que Lui....
    je ferme les yeux.... les étudiantes sont loin déjà.... et je rigole doucement en moi-même, à l'idée que leurs pompons sont peut être un peu stupides, finalement.....
     
     je tourne les talons, pose le chat, et pousse Sa porte....
     
    "t'en as mis du temps nina , t'as été l' chercher en Afrique le courrier ou quoi?"
     
    je lui souris.... "y'a que des factures ! "
     
    il est rentré il y a quelques minutes, en même temps que moi... il a l'air fatigué.... et pourtant, je viens de voir une petite lumière dans ses yeux, qui ne m'a pas parue inconnue.... est-ce que j'ai rêvé, parce que j'en ai simplement envie, moi aussi..... ? non..... je n'ai pas rêvé.... la petite lumière vient de réapparaître.... je crois que mon Maître a besoin de moi.....
     
    "allez nine, tire les rideaux et enlève moi tout ça." il sourit..... j'adore quand cette expression là apparaît sur son visage.... "tout ça", ce sont mes vêtements, bien sûr, ce mince tissu qui me vole un peu à lui.... et, bien sûr, à peine les mots prononcés, moi j'obéis....j'obéis, et je vibre.... je vibre et j'existe.....
     
    il s'assied, et me désigne du regard ses chaussures.... je sais ce qu'il veut, et je n'ai pas besoin de traduction.... nue, je m'accroupie à ses pieds, et je défais ses chaussures, une à une, sans lever le regard..... je sais qu'il prend du plaisir à ce que je m'occupe de son confort, et qu'il n'ait rien à faire, que je sois à ses pieds dès qu'il passe le seuil.... pas tout le temps, bien sûr, mais de temps en temps..... j'aime ce petit air victorieux qu'il prend dans ces moments là, quand il sait que je suis fatiguée aussi de ma journée, mais que je ne dirai rien, et que, jusqu'à ce qu'il m'autorise moi aussi à me reposer, je devancerai et comblerai chacune de ses envies, simplement parce que je sais qu'il aime que je sois à ses pieds.... je pose mes genoux sur le sol, et masse doucement ses chevilles, puis ses pieds dénudés, endoloris par la journée de travail, pendant plusieurs minutes..... il soupire de plaisir, et finit par repousser mes doigts , et presser ses orteils contre mes lèvres...... sans un mot, j'embrasse longuement la plante de ses pieds, prolongeant le massage avec ma langue, le laissant s'amuser à glisser le bout de son pied dans ma bouche.....
    je le soupçonne de faire exprès de baisser un peu plus ses pieds vers le sol de minute en minute, pour me forcer à m'abaisser davantage , et pouvoir ainsi contempler la cambrure de mes reins.....  
    alors que mon visage touche presque le sol, son pied s'appuie sur ma joue, et presse, de plus en plus fort..... me contraignant à poser mon autre joue contre le carrelage.... il appuie doucement, comme pour me maintenir..... à quoi bon Monsieur? vous savez bien que je ne bougerai pas..... il me maintient ainsi quelques secondes..... je ferme les yeux, et, lorsqu'il me relâche, j'embrasse à nouveau doucement le dessus de son pied.
     
    lorsque je me relève, je réalise qu'il fait une chaleur vraiment étouffante, et que je meurs de soif..... il fait si chaud depuis plusieurs jours ..... si j'ai aussi soif, il a sûrement soif aussi..... du regard, je lui demande l'autorisation de me lever..... il acquiesce.....
    je lui ramène un verre d'eau fraîche, sans avoir pris le temps de boire..... à peine le verre entre ses doigts, un signe de son index, et me revoilà à ses pieds..... ou plutôt..... entre ses jambes....  je défais sa braguette, tout doucement.... prends son sexe entre mes lèvres.....  
    j'entends qu'il pose le verre vide à côté de lui, pendant que son sexe durcit de plus en plus dans ma bouche....  
    il appuie fort sur le derrière de mon visage, et murmure "allez nine"
    son sexe vient buter tout au fond de ma gorge, et je comprends qu'il a vraiment envie de se laisser aller, et que je ne dois pas laisser ma fatigue m'empêcher d'être parfaite pour lui.... je tends ma langue hors de ma bouche, et viens caresser ses testicules du bout de celle-ci.... il est si loin en moi que j'étouffe, mais je m'en moque, je me laisserai étouffer plutôt que de me laisser aller à tousser....
     
    d'un seul coup, il saisit brutalement mes cheveux, et fais de brusques mouvements de va et viens dans ma gorge..... je comprends que j'ai réussi à lui apporter le plaisir qu'il mérite lorsqu'il se retire complètement, et éjacule violemment sur mon visage, à deux reprises..... le visage maculé par son plaisir, je lui souris....
     
    sans chercher à me nettoyer, je finis de dorloter son sexe, qui s'est enfin calmé, en le lapant doucement du bout de ma langue, sur toute sa longueur.....
     
    enfin, il me repousse, et je reste sagement à ses pieds, nue, le visage baissé.....
     
    "j'ai eu une journée difficile aujourd'hui nina."
     
    je ne comprends pas tout de suite pourquoi il me dit ça, mais lorsque je relève prudemment le visage vers lui et croise son regard, je comprends.....
     
    il m'aurait demandé de faire ça il y a un an, j'aurais refusé, et il ne m'aurait pas punie..... aujourd'hui, ça n'est pas que je m'en moque..... pas du tout..... mais..... si j'ai accepté toutes ses qualités, pourquoi n'accepterais-je pas aussi ses défauts?
     
     je me relève docilement, et je vais à la cuisine, j'ouvre le plus petit tiroir, et en sort le sachet transparent..... l'idée de la "bêtise" que je fais depuis un petit moment m'envahit.... je défais soigneusement deux petites feuilles blanches, et y répand ce qui le soulage après les "journées difficiles".... je roule les feuilles entre elles, le geste m'est presque devenu habituel.....  
     
    au moment de revenir vers lui.... je jette un regard à travers les couleurs de la porte vitrée.... de là où il est, il ne peut pas me voir..... comme les quelques fois précédentes, je coupe discrètement le bout de la feuille, et un minuscule tas de la précieuse substance se répand sur le carreau de la cuisine..... dans le petit sachet où il y a les feuilles, je sors mes "petits tas" des fois précédentes, et y joins ce petit tas là.....
     
    il y en a assez, à présent, pour que je sache où il va dans ces moments là..... quand il n'est plus ni mon ami ni mon Maître..... quand il est..... je ne sais pas ce qu'il est.....
     
    je jette encore un regard anxieux vers la porte.... il ne voit vraiment rien.... une autre feuille.... et tous les petits tas récupérés sur la durée..... je vais savoir.... enfin..... je vais comprendre....
    je porte le bout de ce petit joint improvisé à mes lèvres..... je.....
     
    la porte vient de s'ouvrir à la volée, et je n'ai même pas eu le temps de cacher les preuves de ma trahison.... je sursaute, et me mets immédiatement à trembler.....
     
    "tu fais quoi là?"  
     
    je baisse les yeux.... comment lui expliquer? il ne comprendrait rien...... je veux simplement comprendre, c'est tout.....je veux simplement savoir....
    il récupère le petit joint, qui, par manque de contenu, se défait sur le bord de l'évier.... les larmes me montent aux yeux......
     
    il range sans un mot le sachet dans le tiroir..... et me fixe...... je suis incapable de lever les yeux vers lui..... la première gifle tombe, cinglante..... je pose mes doigts sur ma joue, comme pour calmer la brûlure, mais reste immobile et silencieuse.....
     
    "regarde moi."
     
    je relève les yeux vers lui, les larmes s'échappent enfin, fines et silencieuses le long de mes joues....
     
    " je te reprends une fois, une seule fois, à essayer de faire ça nina, et je te jure que je te fous dehors et que tu ne me revois jamais."
     
    chaque mot a été prononcé clairement, distinctement, avec une colère retenue..... il me fixe avec un air de colère, de déception , de...... je ne peux pas supporter ce regard.....
     
    "c'est clair?"
     
    je fais oui avec la tête.....
     
    sa main cogne durement contre l'évier, le coup résonne dans la pièce, je sursaute, et tremble comme une feuille....
     
    "réponds moi."
     
    je murmure "oui Monsieur."
     
    "bien."
     
    je réalise l'ampleur de mon erreur..... il doit me prendre pour une menteuse..... une voleuse.... je n'avais même pas réalisé l'ampleur de ce que je faisais..... je voulais juste comprendre.....je voulais Le comprendre..... je ne voulais pas le trahir, ou faire ça derrière son dos.... je m'en veux terriblement.....  
     
    il quitte la pièce, et me laisse là..... seule..... nue.... je voudrais mourir..... pourquoi j'ai fait ça? c'était complètement stupide..... les petits tas accumulés sont restés sur le bord de l'évier.... je sanglote..... je ne peux plus m'empêcher de trembler.....
     
    je sors de la cuisine, il a allumé la télé..... je me dirige prudemment vers lui.....
    je murmure "pardon."
     
    " tu as conscience que tu fais n'importe quoi nina?"
     
    je ne réponds pas.....  
     
    il secoue la tête.... " des fois je n'arrive pas à te comprendre....."
     
    je reste muette..... les sanglots ont tué ma voix....
    je répète "pardon."
     
    il a l'air calmé..... je me love contre lui et murmure "pardon Monsieur."
     
    j'ai envie que l'on règle ça par le jeu, qu'il me pardonne pour du bon, je ne supporte pas qu'il m'en veuille..... je m'en veux tellement....
     
    il me repousse doucement.  
     
    "allez, monte."
     
    le calme de sa voix me fait un bien fou, je suis tellement heureuse à l'idée qu'il va me punir..... j'en oublie ma peur, j'en oublie même ma bêtise.....
     
    je monte les marches 4 à 4.  
     
    "appuie les paumes de tes mains contre le mur nina."
     
    je comprends bien ce qu'il veut, et m'exécute immédiatement. je cambre mon corps, tend mes fesses vers la punition..... avec plus de soulagement que je n'en ai ressenti depuis des semaines....
     
    "ça fait combien de temps que tu fais ça?"
     
    mon sang ne fait qu'un tour..... j'essaie de me souvenir.... je ne sais plus.....
     
    "bon. combien de soirs de journée difficile, alors?"
     
    "6. oui, je crois que ça fait 6 soirs Monsieur."
     
    dans ma tête, je murmure "6 petits tas"...... je ferme les yeux....
     
    "6 soirs....."
     
    le silence est interminable..... j'attends le verdict avec une appréhension qui grandit de seconde en seconde.....
     
    "5 coups par soir où tu as essayé de me mentir. 30 coups."
     
    mon cœur fait un bond dans ma poitrine..... ma respiration s'accélère.....
     
    "ça te paraît mérité ou non nina?"
     
    oui...... oui, bien sûr que ça l'est.....  
     
    "oui Monsieur."
     
    "bien."
     
    j'entends la ceinture qui passe une à une les boucles...... je tremble comme une feuille.....
    le premier coup tombe, impitoyable. je pousse un petit cri de douleur..... puis plus rien..... j'halète de peur, mais je garde la position..... qu'est ce qu'il attend? qu'est ce qu'il peut bien attendre???? je viens de comprendre.....
     
    je murmure "un."
     
    le deuxième coup tombe immédiatement, plus cinglant que le premier. et les 8 suivants..... mes fesses et tout mon corps tremblent de douleur..... pourtant j'ai compté. chaque coup. et j'ai retenu mes cris.  
     
    j'ai du mal à me tenir sur mes jambes, qui tremblent trop fort.....mais je me tends vers la morsure du cuir.....
     
    il passe une main sur mes fesses..... je gémis doucement....... les dix coups suivants me paraissent moins appuyés. ou peut être simplement que la douleur a engourdi ma peau.  
     
    au 19ème coup, je ne peux vraiment plus me tenir debout, mes jambes se dérobent sous moi, et je tombe, les mains en avant, contre le sol.....
     
    j'essaie de me relever, pour qu'il ne durcisse pas la sanction, mais il me retient contre le sol..... il passe une main entre mes cuisses..... mon intimité est trempée..... je perds la tête de douleur, et pourtant je suis trempée.....
     
    "je te punis et toi tu prends ton plaisir? c'est ça nina? qui t'a autorisé?"
     
    je lui jette un regard de pardon..... mais..... je sais bien, et il le sait aussi, que ses mots n'ont pas d'importance..... ce qu'il est en train de me dire, d'abord et avant tout, c'est que les derniers coups seront administrés à la soumise que je suis, bien avant d'être pour moi, parce que mon erreur initiale, elle, est déjà pardonnée...... le poids de remord que j'avais au fond du ventre s'envole.....
     
    il me fait signe de me relever, j'ai un mouvement pour calmer le feu de la douleur du plat de mes mains, mais un regard de lui suffit à me raviser....
     
    il m'installe sur la tablette, noue mes chevilles , et les ramène vers le haut, il écarte les liens, et tire..... le bas de mon corps se soulève un peu..... et mes cuisses s'écartent malgré moi.... je comprends bien que la fin de la sanction sera plus dure que je l'imaginais..... tant mieux...... tant mieux !
     
    je le vois se saisir du martinet, et je frémis..... je détourne le regard.....  
     
    le premier coup tombe sur mon intimité offerte, m'arrachant un long cri de douleur que je n'ai pas pu retenir.....  
     
    je murmure "vingt."  
     
    à mesure que le martinet danse entre le bas de mon ventre et mes jambes, je sens le sang qui commence à perler le long de mon intimité, caressant mon bouton de plaisir au passage..... mon plaisir se décuple aussi vite que les gouttelettes de sang qui naissent.
     
    au dernier coup, avant que je n'ai pu me contrôler, tout mon corps s'arque, et je retiens de justesse, en mordant fort ma lèvre inférieure, le long gémissement de plaisir né en moi....
     
    Raphaël me détache, et me prend contre lui.....  
     
    il murmure " tu mens à qui tu veux ma nine, mais pas à moi."
     
    je soupire doucement......  je murmure "Merci Monsieur"
     
    Nous n'aurons plus besoin de reparler de l'histoire des petits tas..... et je cesserai de cacher quoique ce soit à mon Maître. je ferme les yeux...... et l'image de Sa porte qui s'ouvre sur ma silhouette trempée serrée contre mon petit chat me revient..... je répète "merci Monsieur".... il ne sait pas que je le remercie pour toute cette année passée près de lui, la plus belle année de ma vie..... il ne sait pas que je le remercie aussi bien pour les bons que les mauvais moments, aussi bien pour toutes ses qualités que ses petits défauts, pour sa présence, pour sa chaleur...... pour............. il ne sait pas que je l'aime.




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