• pounci

    je suis trempée lorsque je pousse notre porte.  
    Mon Maître rentre tard ce soir, il m'a prévenue, et le bus que je prends normalement n'est pas passé. je suis rentrée à pieds, sous une petite pluie fine et tiède, qui, au fil des kilomètres, a fini par mouler chaque cm² du tissu de mes vêtements à ma peau.  
    j'ai encore le bruit du clapotis des gouttelettes sur le capot des voitures dans ma tête, mêlé au chant des grenouilles, comme si je venais de la campagne....  
    étrangement, au lieu de m'agacer, le temps passé à marcher sous la pluie m'a apaisé. l'eau semble m'avoir envahi, extérieurement, en ruisselant le long de mon visage, et intérieurement, par son odeur âcre et salée, qui a pris possession de mes poumons...
     
    je frissonne en retirant mes vêtements, et sèche mes cheveux sombres, qui ondulent et bouclent joyeusement sur mes épaules, à cause de la pluie.
    il est 19H. malgré le temps perdu à rentrer à pieds, il est encore beaucoup trop tôt, à mon goût, et la soirée promet d'être longue....  
     
    ça fait deux semaines déjà..... deux longues et interminables semaines....  
    deux semaines à me sentir seule.... deux semaines à me sentir vide.... et chaque jour ma joie de vivre et mon énergie s'amenuisent un petit peu...
     
    il est rentré un soir, j'avais besoin d'un câlin, j'avais besoin de son sourire, j'avais besoin de ce regard à la fois protecteur et coquin qui me fait vivre.... je me suis agenouillée devant lui, lui lançant un regard à la fois lourd et léger de soumission, d'abandon, et de confiance...
    il m'a souri, et, comme un enfant, il a murmuré "pounci".  
    ce mot vient de l'enfance de chacun d'entre nous..... certains s'en souviennent, et d'autres non.... "pounci" est un mot d'enfants pour dire qu'on arrête le jeu....  
     
    la première fois qu'il l'a utilisé, je me suis moquée de lui, gentiment mais..... j'ai beaucoup moins ri quand j'ai compris la signification qu'il lui donnait.... ça signifiait que je n'avais plus le droit au plaisir, à ce plaisir que lui seul sait me donner, et cela pour un temps que lui seul déciderait....
    trois fois déjà il a joué avec moi en m'imposant cette contrainte.... je pensais que c'était facile.... mais ce n'est pas facile.... tant qu'il est là, à me surveiller, je me raisonne, car j'aime tellement qu'il soit fier de moi, j'aime tellement cette expression dans ses yeux quand j'y arrive, enfin, à être cette petite femelle docile et malléable qu'il chérit tant....  
    mais.... le pire, c'est quand il n'est pas là.... je pense à lui tellement de fois..... je pense à nos jeux... je pense à nos rôles.... je l'imagine..... se déhanchant souplement au dessus de mon corps.... j'imagine notre plaisir mêlé et partagé.... et...... je craque.... les trois fois, j'ai craqué. au bout de quelques jours. méprisant la sanction à venir, méprisant son plaisir, méprisant..... mon Maître. chaque fois, il me laissait une chance, et chaque fois je craquais.
     
    mais.... cette fois ci, c'est différent.... ce "pounci" entre ses lèvres... cette confiance dans son regard.... cette fois-ci, je me suis regardée dans le miroir, pendant de longues minutes, et je me suis juré d'y arriver. de le rendre fier pour du bon, pour une fois.... et quand j'ai vu sa silhouette s'entourer autour de la mienne, dans le reflet du miroir, et m'observer longuement, en prenant tout son temps, à travers notre image, avec Cette confiance là dans les yeux, j'ai su que j'allais y arriver, cette fois.
     
    et j'y arrive. depuis deux semaines. au début, le plaisir me manquait. seulement le plaisir.... et... au fil des jours.... c'est mon Maître qui a commencé à me manquer.... au delà du plaisir.... ce désintéressement.... ce flegme, quand il passe à côté de moi et caresse doucement ma joue, me faisant languir de tendresse sans rien me donner de plus....  
    et..... surtout.... le pire.... cette solitude qui me revient en tête.... cette impression d'être seule au milieu des autres.... que leur regard glisse sur moi, sans même qu'ils me voient.... quand je n'ose pas parler..... quand je rougis trop vite.... quand je suis trop discrète....
    seul mon Maître savait me rendre à la vie.... seul lui sait me faire exister.... et sa semi-absence.... cette solitude.... elle dévore mon sourire jour après jour....
    si au moins il me prenait contre lui.... rien que ça.... juste quelques minutes..... quelques minutes de sa chaleur, et je souris pendant des journées entières.... mais là.... rien.... c'est pire qu'un jeu.... c'est pire....
     
    deux semaines..... deux longues semaines.... je suis assise sur le canapé, les jambes repliées sur moi-même, j'ai enfilé un jean et un petit haut secs, et j'ai glissé mes pieds nus sous mes fesses, pour les réchauffer.... je mordille un morceau de bâton de réglisse, simplement pour faire quelque chose, en l'attendant, et pour ne pas avoir envie de fumer.... j'ai allumé la télé, et je regarde les personnages de "Friends" qui s'engueulent, sans vraiment entendre ce qu'ils se disent....  
     
    une fois le repas préparé, une fois la maison rangée.... il ne me reste plus rien d'autre à faire que d'attendre sa présence.... je me languis de lui à chaque minute de plus.... et une tristesse s'empare de moi chaque minute plus fort.... je sais qu'il va rentrer, et que le jeu va continuer... un baiser sur mon front, au mieux et..... après il faudra manger.... alors que moi je n'ai faim que de lui.... il va regarder la télé.... je vais me lover doucement contre lui, et poser mon visage sur sa cuisse, sans rien dire.... et je sentirai sur sa peau l'odeur d'une autre femme.... je ne dirai rien.... il sait que je sais.... il sait que je me tairai....  
    avant que je n'arrive dans sa vie, comme une ombre, il était libre. pourquoi il ne le serait plus aujourd'hui? après tout ce qu'il donne de lui-même pour les autres, chaque jour.... d'ailleurs.... s'il ne pouvait pas s'évader auprès de femmes plus mûres et sûrement très différentes de moi, quelques fois, est ce qu'il me garderait? est ce qu'il ne finirait pas par se lasser de moi? et puis.... il est si beau quand il est libre..... et il est si à moi quand il est là....
     
    j'entends un bruit à la porte.... c'est peut être lui ! même si je sais que le jeu va continuer tant qu'il le décidera, mon cœur bat la chamade, et mon esprit s'affole, je cours pieds nus jusqu'à la porte, et l'ouvre précipitamment mais..... c'est juste le chien du voisin qui gratte à notre porte....  
     
    un soupir de tristesse m'envahit, c'en est trop, et un sanglot commence à monter dans ma gorge.... je fais signe au chien de rentrer, m'affale à nouveau sur le canapé, le chien saute à côté de moi, pose ses pattes contre ma hanche , et me regarde, l'air surpris..... il n'a pas l'habitude que je ne lui souris pas.... il a l'air de tout comprendre..... mais.... je me fais sûrement des idées! comment le chien il pourrait comprendre que je me sens seule? malgré tout, j'entoure mes bras autour de lui, et je pleure doucement contre son oreille.... il sent le chien qui a pris la pluie, et son poil est encore tout humide, mais je m'en moque.... il reste contre moi et me réconforte.... en tout cas, c'est l'impression qu'il me donne.... la vérité, c'est qu'il me rend plus triste encore..... dire que je ne peux chuchoter mes sentiments qu'à l'oreille d'un chien ! rien que cette pensée me fait pleurer de plus belle.... je voudrais que mon Maître soit là....
    tout d'un coup, le chien se redresse, et traverse la pièce en courant et en aboyant.... ses aboiements se transforment en gémissements de plaisir, et je comprends que mon Maître vient de pousser la porte....
    je m'en veux un petit peu d'avoir laissé le chien rentrer, je sais qu'Il ne veut pas.... discrètement, je lui fais une dernière caresse, comme pour le remercier de pas m'avoir laissé toute seule, et je le renvois chez le voisin, en le poussant doucement ...
    Mon Maître est au milieu de la pièce, une expression de reproche sur le visage.... c'est à cause du chien... je m'agenoue doucement à ses pieds, et garde le visage baissé, même si je n'ai qu'une envie, c'est de me perdre sur chacun des traits de son visage.  
    je savoure cet instant précieux où je m'offre à lui.... où je sens son odeur toute proche de la mienne.... il passe une main sous mon menton, et relève mon visage...
    "tu pleures nina?"
    je murmure "non Monsieur".
    il secoue mon visage, l'air agacé. je sais à quel point il déteste que je lui mente.... je me dégage de sa main, souplement, et baisse les yeux à nouveau, espérant que ça suffise à me faire pardonner....
    il reste une minute interminable à me regarder.... j'ai envie de lui.... tellement envie.... il passe une main dans mes cheveux.... qui glisse sur ma joue.... et sur mes lèvres.... je ne peux pas m'empêcher d'embrasser ses doigts .... j'ai beau savoir que je n'ai pas le droit.... j'ai trop besoin de lui.... je donnerai tout pour qu'il me prenne contre lui, maintenant....
     
    toujours le regard baissé, j'entends qu'il retire sa ceinture.... mon corps se crispe.... j'ai terriblement envie de relever les yeux vers lui.... j'ai peur que la ceinture ne soit destinée à punir ma désobéissance , pour le chien.... ou mon mensonge.... ou mon geste d'affection non contrôlé.... ou autre chose.... c'est si dur d'être une bonne soumise....  
    mais il la laisse tomber au sol, et j'entends qu'il ouvre les boutons de son jean.... je relève un regard prudent vers lui, et je comprends.... un large sourire naît sur mes lèvres....
    tout doucement, je dégage son sexe, qui se dresse vers moi avec toute la force de son envie....
    du bout des lèvres, je l'embrasse, sur toute sa longueur.... et je souffle tout doucement sur ses testicules... je sais ce qui fait vibrer mon Maître.... et j'adore son regard sur moi dans ces moments là.  
    deux semaines.... ça a été si long.... je laisse glisser mes lèvres le long de la peau tendre de son sexe.... je le laisse me guider, sentant ses doigts pousser mon visage et le retirer, se crispant dans mes cheveux.... je tremble de plaisir.... enfin ! je glisse mes doigts discrètement entre mes cuisses..... mais.... à peine le début d'une petite onde de plaisir qui me traverse, et, déjà, j'entends ce que je redoutais:
    "Non nina".
     
    le ton est sans appel..... je retire avec peine mes doigts, et j'ai du mal à m'appliquer à son plaisir.... je le laisse me guider.... il n'a pas l'air de comprendre que je ne m'applique plus, et c'est tant mieux....
    il se retire de ma gorge, sans avoir joui.... je relève les yeux vers lui, suppliante....  
    ça commence à être trop long.... je n'en peux plus..... s'il te plaît.... arrête..... c'est moi qui te dit " pounci" maintenant, tu ne le comprends pas? je pense chacun de ces mots, mais n'en prononce pas un seul....
     
    sans rien dire, il me soulève, et m'allonge sur le canapé, retire mon jean, et tire doucement sur mes hanches pour que mes jambes se retrouvent dans le vide.... de moi-même , j'écarte mes cuisses....  
    il me sourit, vient se placer entre mes jambes, et pénètre doucement en moi.... enfin ! je n'en pouvais plus ! je me cambre pour qu'il vienne plus profond mais....
    "Non nina. ne bouge pas."  
    je serre fort mes doigts autour du tissu du canapé, pour me forcer à me calmer....si je ne me contrôlais pas, je crois que c'est moi qui lui ferai l'amour, tellement je n'en peux plus....
    tout doucement, il commence un lent va et viens en moi.... s'enfonçant à peine dans ma chaleur  humide.... je tremble d'envie..... le plaisir n'attend qu'une seule chose, c'est de se libérer !
    il se retire, je me dis qu'il va enfin me libérer, s'enfoncer au plus profond de moi et me laisser exploser mais.... il s'éloigne.... me laissant tremblante et pantelante d'envie sur le canapé....
    je me redresse, lui lançant un regard désespéré mais.... déjà il referme les boutons de son jean.... il ne va pas me laisser comme ça! ça n'est pas possible! je vais mourir d'envie! pourquoi il fait ça? je n'en peux plus moi!
     
    "bon, nina, on mange? j'ai une faim de loup moi ! "
     
     il se moque de moi? c'est pas possible! deux semaines.... et il me fait ça.... mais il va me rendre folle! qu'est ce que je lui ai fait moi pour qu'il me fasse ça? les larmes commencent à monter , empourprant mon visage.... cette fois-ci, je craque.... il sait bien que j'ai tenu tout ce temps....  
    je me relève d'un coup, traverse la pièce sans rien oser dire, et claque la porte de la chambre derrière moi.... à peine le geste fait, je le regrette déjà....  
     
    dans la chambre, je tremble comme une feuille.... je vois déjà la porte se réouvrir, et l'expression de colère sur son visage.... je reste debout au milieu de la pièce, immobile.... l'excitation retombe déjà, laissant place à la crainte.... ce geste là ne sera pas pardonné, j'en suis presque certaine. au bout de plusieurs minutes, qui paraissent une éternité, la porte s'ouvre.  
    je sursaute.... l'expression de colère à laquelle je m'attendais est bien là.... je voudrais demander pardon, lui dire que je regrette, que j'ai regretté tout de suite... mais.... je sais bien que s'il m'a laissé plusieurs minutes, c'était pour me laisser une chance de venir m'excuser par moi-même.... cette chance, je ne l'ai pas saisie. à mes risques et périls.  
    toujours cette satanée fierté.....  
     
    "apparemment, tu n'as pas faim."  
     
    sa voix est basse, posée.... je préfère encore quand il crie. c'est mieux. au moins la sanction est immédiate. Cette voix là me fait peur. elle présage une sanction tranquillement réfléchie. elle me cloue sur place. elle me fige d'angoisse. elle me paralyse.... elle me contrôle, tout simplement.
     
    sans rien dire, il entoure ma chaînette autour de ma nuque, me tire doucement au sol, et m'attache à ma place, dans la chambre.
     
    je n'ose pas relever les yeux vers lui.... je reste immobile alors qu'il s'éloigne, et referme la porte derrière lui....
     
    j'entends qu'il mange.... j'entends qu'il travaille un petit peu, j'entends qu'il regarde la télé.... je donnerai tout pour être à ses côtés.... mais je suis seule.... seule comme avant..... et à nouveau je pleure en silence....
     
    quand il vient se coucher, il ne m'accorde pas même un regard, et je comprends que la sanction n'est pas pour ce soir.... elle est pour demain.... demain matin? demain après-midi? demain quand? pour une fois, je donnerai tout pour que demain soit un jour où je travaille et où il travaille.....un jour de plus qui nous éloigne.... mais demain, je suis à lui. toute à lui. et j'ai peur.
     
    la nuit est agitée.... lui, dort paisiblement.... je réfléchis à ma sanction.... elle ne peut pas être trop sévère. j'ai tenu deux semaines, quand même! qu'est ce qu'il va me faire? l'angoisse monte d'heure en heure.... la panique laisse sa place au vide.... le vide à la panique.... et ainsi de suite jusqu'au petit matin....
    je l'observe avec anxiété, silencieuse et immobile à ma place.... et mon cœur se remet à battre trop vite dès que j'entends le petit gémissement caractéristique de son réveil s'élever dans sa gorge.... et dès que je croise son regard encore un peu engourdi qui se fixe dans le mien à travers la semi-obscurité de la chambre.....
    on est déjà demain.......

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    il se lève et me sourit..... ouf ! est ce qu'il sait qu'il vient de m'enlever un énorme poids du cœur là?  
    il s'approche et me détache, , flatte ma nuque sans rien me dire.... je lui demande du regard l'autorisation de quitter ma place...  
    il ouvre le volet métallique de la porte arrière.... je jette un regard sur le ciel : il pleut toujours autant....  
    je lui fais couler un café, pour moi rien ne passera tant qu'il ne m'aura pas dit quelque chose... il me prend la tasse des mains, et sort sous l'abri de dehors pour boire son café... j'enfile ma nuisette, personne ne peut nous voir quand on est sous l'abri, et le rejoins sans rien dire.... il s'est assis sur le rebord du béton, la seule partie sèche de derrière, et il regarde les nuages.... ce qu'il peut être beau....
     je me souviens des petits minets de la DASS, avec leur gel plein les cheveux, et leur regard abruti , qui croyaient pouvoir me draguer en jouant les braves devant les pions..... et je souris....
    Mon Maître les dépasse de tellement haut.... avec son visage qui a vécu, et ses cheveux pâlis par le temps.... jamais je n'aurais pensé que quelque chose d'aussi beau que lui puisse arriver dans ma vie....
    je m'assis à côté de lui.... il ne se retourne pas.... combien de minutes sont passées, où nous sommes restés côte à côte sans nous regarder.... combien de cm de pluie? combien de clignements de paupières? combien de battements de cœur? je ne sais pas....  
    la pluie a cessé quand il se décide à se lever....  
    "tu viens nina?" je lui souris, et le suis quand il rentre.
    je file prendre une douche, pendant qu'il regarde sur internet ses messages pour le travail. quand je reviens, il a éteint l'ordinateur, et me regarde de haut en bas.
    "tu es toute belle. on peut y aller."
    aller où? je lui jette un regard interrogateur, sans comprendre de quoi il parle...
    il prend les clefs de la voiture, enfile sa veste, et me fais signe d'enfiler mes chaussures.  
    "on va où?"  
    j'ai pas pu m'empêcher.... il me regarde, avec un air de reproche....
    "tu verras."
    je décide de ne pas insister, j'ai un peu peur d'aggraver mon cas.... je sais bien que mon geste de la veille n'est ni oublié ni pardonné.
    je monte dans la voiture et regarde la route défiler.... j'ai eu si peur toute la nuit, et, maintenant que le moment approche, je n'arrive plus à avoir peur.... c'est comme si j'avais écoulé toutes mes réserves de peur.... je me laisse bercer par la route, le manque de sommeil m'empêche de réfléchir....
    soudain, un virage, puis un autre.... cette route me dit quelque chose.... ces champs.... mon cœur fait un bond dans ma poitrine... je reconnais cet endroit.... ça mène à la maison de Patrick. mon Maître me jette un regard, il a compris que je venais de comprendre....  
    je le regarde et fais non avec la tête. je garde un mauvais souvenir de la dernière fois où il m'a laissée chez cet homme....  
    "ne t'inquiète pas nina."
    ses mots sont vains, quoiqu'il me dise, la peur est là, ancrée dans mon ventre.
    "Pardonnez moi Monsieur." ma voix est partie comme un souffle.... je ne veux pas aller chez cet homme.... je me souviens trop bien des fois précédentes...  
    mon Maître ne me répond pas, il fait mine de ne pas m'entendre, et il accélère.
    j'enfonce mes doigts dans le tissu du siège, pour me calmer.... je pensais ne jamais retourner là bas... la route passe vite, et bientôt, la voiture s'immobilise...
    je reconnais le morceau de pelouse, les saules pleureurs, et le pneu qui sert de balançoire sur l'arbre mort... peu de choses ont changé...
    je descends de moi-même de la voiture, de toutes les manières, je n'aurai pas le choix.  
    quand mon Maître contourne l'avant de la voiture pour me rejoindre, et me fait signe de le suivre, je reste immobile.... les larmes sont en train d'envahir mes yeux.... comment lui dire?  
    "allez nina!"
    je fais non avec la tête.... je ne peux pas ....  
    il s'approche doucement de moi, et cherche mon regard.... je fuis le sien tant que je peux... je n'ai pas le courage de le regarder...
    "tu n'as pas confiance en moi?"  
    le sanglot que j'ai retenu sort silencieusement....  
    "si Monsieur."
    je voudrais lui dire que j'ai peur, je voudrais lui dire que je ne suis pas sûre, cette fois, de me sentir capable, mais j'y arrive pas.... de toutes façons, je crois qu'il sait exactement ce qui est en train de se passer dans ma tête. il sait bien qu'il n'a pas tout réglé avec cette simple évidence: j'ai confiance, donc je le suis.
    "allez ma belle."
    sa douceur aura donc toujours raison de ma peur? comme si je n'avais pas de volonté, mes jambes le suivent.... alors que je m'attends à ce qu'il se dirige vers la porte d'entrée, il contourne la maison.... je reste un instant interdite.... je ne comprends pas.... je l'interroge du regard....
    "fais moi confiance nina." il y a un abri, comme pour ranger les outils d'extérieur, à l'arrière de la maison. mon Maître sort une clef de sa poche, et en ouvre la porte.... il me fait signe d'entrer.... j'obéis.... le petit abri est vide, le sol est fait de terre...
    la porte se claque derrière moi, et l'obscurité est totale...
    je panique un instant.... pourquoi il fait ça? j'entends la clé se tourner dans la serrure, et ses pas s'éloigner....  
     
     je me raisonne rapidement.... ça va aller.... j'en suis sûre.... avec mon Maître, ça va toujours.... j'essaie d'habituer mes yeux à l'obscurité.... il n'y a rien du tout ici... je reste debout au centre du petit abri, immobile....
    le temps passe lentement.... j'entends la pluie ruisseler le long des murs de l'abri.... j'apprivoise l'obscurité et le quasi-silence....
    le temps me paraît long.... tellement long.... au bout d'un moment, je finis par m'accroupir, fatiguée de rester immobile.... je ne veux pas m'asseoir sur le sol, la terre est humide....
    le temps s'égraine si lentement.... il s'est arrêté de pleuvoir, maintenant, et il me semble que le soleil est en train de taper sur la taule ondulée du toit....  
    je lève une main pour tâter le toit de l'abri, il est brûlant.... il doit être midi.... je tourne en rond, gagnée par l'ennui.... je déteste avoir tellement de temps pour penser....
     
    lorsque, enfin, j'entends des pas approcher, je prends peur.... et si c'était Patrick? un souffle de soulagement s'échappe de mes poumons quand la porte s'ouvre: c'est mon Maître....
     
    "déshabille toi nina."
    je le regarde, surprise... puis m'exécute... je suis presque soulagée, à l'idée que ça va bien être lui qui va me sanctionner.  
    je retire mes vêtements, et hésite à les poser sur le sol... mon Maître les prend de mes mains, il comprend toujours tout....  
    je le regarde, attendant qu'il se passe quelque chose.... il va bien se passer quelque chose, non? non.... il claque la porte et me laisse seule, nue, sur ce sol de terre....  
    je finis par m'accroupir à nouveau, la fatigue est en train de me gagner... je fixe la porte de l'abri.... je commence à avoir vraiment peur , maintenant.... le soleil tape de plus en plus fort, à mesure que l'après-midi passe, je commence à avoir si chaud que ma bouche se dessèche...
    la peur m'empêche de penser.... un souvenir tourne en boucle dans mon esprit....
     
    le visage du gosse.... et sa voix....
     
    "nina, es verdad lo que dicen los otros? "  
    "nina, es verdad lo que dicen los otros?"
    "nina, es verdad lo que dicen los otros?"
     
    le gosse qui me harcèle , pour savoir.... jour après jour.... le gosse qui a mal.... et moi qui ne sais pas quoi lui dire.... et moi qui en peux plus de raconter des bobards, alors que je ne sais même pas moi-même ce qui se passe....
     
    lorsque la porte s'ouvre à nouveau, je me suis assoupie, et je mets quelques secondes à reprendre mes esprits...  
    je réalise que deux silhouettes se sont glissées à l'intérieur de l'abri... je jette un regard à mon Maître, qui me tire vers l'extérieur, me tenant par le bras.... Il fait déjà presque nuit....
    je me sens stupide, nue, devant mon Maître et..... Patrick.... je me sens surtout affolée.... la vraie peur qui prend au ventre....  
    sans dire un mot, mon Maître me fait signe de le suivre , et noue mes poignets entre eux... mes pieds nus sont douloureux, sur les cailloux....  
    arrivés à la hauteur du pneu, mon Maître me fait comprendre qu'il veut que je me plie pour passer le haut de mon corps dans le pneu.... j'obéis, et Patrick noue ma taille au bas du pneu, serrant si fort que j'ai l'impression d'être sciée en deux....  
    dans cette position, et les poignets liés, je suis à la merci des deux hommes....  
    cette fois-ci, je n'arrive vraiment plus à réfléchir de façon cohérente... la peur monopolise chacune de mes pensées....
    Patrick tire un peu sur la corde qui maintient le pneu, et mes pieds se détache à peine du sol.... mon ventre est scié en deux par le caoutchouc.... j'appuie fort mes mains sur mes genoux, pour rester immobile....  
    pendant quelques minutes, les deux hommes restent à me regarder.... je relève un regard prudent vers mon Maître.... il a l'air satisfait.... et .... excité.... je le connais assez bien pour lire son excitation dans ses yeux....  
    sans bruit, il s'approche de mon visage, entrouvre ma bouche avec ses doigts, et glisse son sexe dans ma bouche.... il se laisse glisser jusque dans ma gorge, et caresse doucement mes cheveux....
    je sens les doigts de Patrick s'aventurer sur mes fesses.... qu'il malaxe brutalement.... je ferme les yeux.....  
    la première claque tombe.... je ne peux ni gémir, ni réagir.... je ne veux pas prendre le risque de faire du mal à mon Maître.... les autres claques se suivent, cinglantes et rapides....
    à mesure que la douleur crispe mon corps, mon Maître se sert de la corde à laquelle est attaché le pneu pour me faire aller et venir sur son sexe, et je sens que celui-ci durcit de seconde en seconde.... il s'enfonce de plus en plus profond dans ma gorge, m'empêchant de respirer...  
    je commence à sentir mon excitation grandir, et je voudrais que la douleur se décuple....  
    les claques cessent d'un seul coup, mais mon Maître continue d'aller et venir dans ma bouche, me balançant comme un jouet....
    je sens la main de Patrick se glisser entre mes cuisses....
    " a! ba tu vois! déjà ! on va pouvoir passer aux choses sérieuses...."
    il faut bien que je reconnaisse que mon intimité est trempée, et, à présent, les claques me paraissent risibles à côté de ce que je me sens prête à recevoir.... je tends mes fesses, et me déhanche, j'entends mon Maître retenir un petit rire.... il a gagné, comme toujours....me voilà chienne, réclamant la douleur.... me voilà Sa chienne....
    deux semaines pour en arriver là.... retour à la case départ.... il me connaît vraiment par cœur....
    je sens Patrick derrière moi se positionner..... le premier coup siffle.... c'est une badine.... souple et plus cinglante que celle de mon Maître...
    les coups tombent, réguliers.... sur mes fesses, mes reins, mes cuisses.... je me tends toujours plus vers la morsure à venir.... mon Maître se retire de ma bouche, il a l'air calmé, et il caresse mon visage en admirant la badine qui tombe et retombe en travers de mon corps....
    je ne peux pas m'empêcher de gémir, je me suis tellement retenue....
    je me cambre à chaque coup.... enfin, les coups cessent....
    tout mon corps tremble de douleur.... et d'excitation.... que ces deux semaines ont été longues....  
    mon Maître me contourne doucement.... j'entends qu'il dit
     "laisse nous."
    un sourire se dessine sur mon visage.... la sanction est terminée.... je retrouve mon Maître.... il caresse mes fesses.... et la badine reprend sa danse.... mais c'est une danse de bonheur, maintenant.... je me retiens de crier, pour qu'il soit fier de moi....
    les coups cessent rapidement....
    je sens les doigts habiles de mon Maître , qui me détachent.... je me sens tellement soulagée que ma tête tourne....  
    enfin, mon Maître m'aide à m'allonger sur l'herbe tendre, et me prend tout en douceur.... le plaisir se propage par vagues multiples dans tout mon corps....
    deux semaines..... lorsqu'il se calme enfin, je perds mon regard dans le sien, et je lui souris.... je ne suis plus seule.... et je me moque bien de savoir si ce que les autres disaient était vrai ou non. je m'en moque . le passé n'existe plus. seul mon Maître a su le vaincre....  
    il me sourit, et, derrière la maison de Patrick, le soleil se couche.... deux semaines.... effacées en une minute.... des années.... effacées en quelques mois.... merci Monsieur.
    Merci Raphaël. Merci. je n'aurai jamais assez de temps pour te dire merci.


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