• je me suis endormie avec des tommettes rouges, une grande cour en gravier, un escalier bruyant du bruit de mes talons, deux petites lucarnes ensoleillées, et l'éternel regard éteint de mon Maître dans la tête.

    je me suis revue sourire, en mettant une énergie aiguë, que je n'ai plus trop en réalité, dans ma voix, en lui faisant imaginer chaque recoin de cet énième endroit où je l'ai traîné différemment de ce qu'il l'était, en faisant des mouvements exagérément accentués et optimistes, inutiles, surtout, avec mes avants-bras et mes mains, et me cogner, encore, à un immobilisme qui me gèle, et nous laisse dans une situation où l'avenir m'inquiète, chaque jour un peu plus.

    je me suis endormie en me serrant fort contre son corps, espérant qu'il bondisse, d'un seul coup, qu'il renonce à s'endormir, qu'il me réveille avec le sourire qu'il avait avant qu'on ne commence à regarder la vérité en face, et qu'il se mette à imaginer les choses comme je les imagine, me boostant, fort, comme avant, me propulsant au-dessus de moi-même, faisant de l'impossible un possible, et du noir la lumière.

    Mais j'ai senti sa respiration ralentir, et ses bras autour de moi se desserrer, et j'ai arrêté d'espérer. je crois que j'avais trop espéré en trop peu de temps, et il arrive un moment où trop d'espoir tue l'espoir.

    je me suis réveillée au milieu de la nuit, et j'ai tout de suite entendu le bruit. j'ai vu là-haut se rapprocher, essayer de m'écraser, dans la faible lumière du lampadaire qui baignait la pièce. Comme si le plafond s'aplatissait sur moi pour m'étouffer.

    "nine, arrête de trembler, sinon tu vas à ta place."

    j'ai réalisé que je tremblais si fort que même mes dents tremblaient à l'intérieur de ma bouche. je me suis forcée à me contracter toute entière pour faire cesser les tremblements, parce que, même s'il l'avait dit en souriant ( j'avais entendu son sourire dans l'intonation de sa voix ) , je craignais sa menace. Ma "place" fait sans doute partie de ce que je redoute le plus de ma soumission d'avant, et j'aurais souffert de devoir faire marche arrière sur ce point.

    j'ai quand même tremblé un peu, à nouveau, quand le bruit a repris.

    "nine, c'est juste une souris. Une toute petite souris. Les petites bêtes n'ont jamais mangé les grosses."

    Ce n'est pas une souris. Les souris ne font pas tant de bruit.

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    "je voudrais que l'on puisse dormir dehors, comme on l'avait fait cet été, la nuit où il avait fait si chaud. Tu te souviens ? je voudrais tellement que l'on puisse encore."

    je sens sa poitrine se secouer doucement contre la mienne.

    "Pourquoi tu ris ?"

    "Parce que je suis sûr que, même si on dormait dehors, tu serais encore capable d'avoir peur du ciel, ou des étoiles."

    je ferme fort les yeux, pour ne plus voir ce plafond. j'ai un peu honte.

    "Ce n'est pas vrai."

    Puis, dans un murmure " Et puis d'ailleurs, ce n'est pas une souris."

     

    Il m'a entendu. Bougonner ne sert à rien. Il entend tout. Et tant mieux.

    "Qu'est ce que c'est, alors, Sherlock Holmes ?"

     

    je ris doucement.

    "Si tu savais..."

     

    Il allume la lumière, et je plisse les yeux.

    Il se redresse.

    j'aurais préféré qu'il se redresse comme ça, aussi vite, hier soir, quand je pensais encore aux tommettes et aux deux petites fenêtres.

    "Dis-moi."

     

    A mon tour, je me redresse. je sais bien que c'est n'importe quoi mais ça me semble moins grave de dire n'importe quoi la nuit que le jour.

    "Eh bien... il y a deux solutions..."

     

    Il fait mine de mettre ses lunettes. je n'ose plus le regarder, et j'ai encore plus honte.

    "Non, laisse tomber... Ce n'est rien... Il faut qu'on dorme. Demain, il y a le travail."

     

    "Non. Continue."

    Sa voix ne laisse pas d'autre alternative.

     

    "Bin... C'est soit le fantôme de Mathilde qui m'en veut, parce que..."

    Il me coupe sans me laisser finir.

    "Impossible. Mathilde n'est pas morte. Pas de fantôme sans morte."

    je ris doucement. Ce n'est pas drôle, mais c'est la façon dont il l'a dit, avec ses lunettes. Il paraît si... différent. On dirait un acteur.

    "Alors... deuxième solution ?"

     

    Là, ça se corse. Déjà, c'est un fantôme, ça, c'est certain. Même si c'est ridicule, c'en est un.

    "C'est le fantôme d'une femme, en tout cas. Et puis, il y a une baignoire, ou une bassine, avec de l'eau plate dedans, là-haut. Il y a forcément quelque chose."

    je cache mon visage dans mes mains. j'ai parlé sans réfléchir, parce que, il y a moins de deux minutes, je dormais encore, et j'aurais mieux fait de me taire.

    "je suis ridicule... Excuse-moi. Rendors-toi, je promets de ne plus trembler."

     

    Lorsque j'ose enfin réapparaître, il me fixe.

    "Bon. Donc, c'est une souris. On est d'accord ?"

    Ouf... Sauvée...Une souris, oui. Sans doute possible.

    "Oui."

     

    je m'endors en pensant que, pourtant, lorsque je passe l'aspirateur, il retombe aussitôt les petits morceaux sur le sol, et que Raphaël dit qu'ils tombent de là-haut. S'il n'y a rien là-haut, qu'est ce qui tombe de là-haut ? Et d'ailleurs, comment ça tombe, puisqu'il n'y a pas de trous ?

     

    je m'endors en pensant que les petits morceaux, ce n'est rien. Que là-haut, c'est bien plus grave que ça. Que c'est quelque chose d'impalpable. Quelque chose d'impalpable, qui matérialise la même chose que lorsque j'arrête de manger.

      

    Le soleil baigne la pièce presque jusqu'au couloir. j'ai mis la commode sous l'ouverture, et l'échelle sur la commode.

    "Vas-y. N'aies pas peur, je tiens tout."

    je n'ai pas peur que l'échelle tombe de la commode, j'ai peur d'y monter, c'est tout.

    j'ai le poing fermé sur les petits sachets roses que j'ai récupérés à la mairie, et leur odeur piquante me donne un scrupule silencieux, pour les souris.

     

    "tu lances bien loin, hein, aussi loin que tu peux. Oui ?"

     

    "Oui, oui. Promis."

     

    "Il est allé loin, celui-ci ?"

     

    "Oh, oui. Très loin. Tout au fond là-bas."

     

    "nine..."

     

    "Quoi ?"

     

    "tu as les yeux fermés. tu oublies de les réouvrir un coup sur deux, quand tu me tends la main pour prendre les sachets."

     

    je sens le rose, comme celui du poison, me monter aux joues. j'ai honte de fermer les yeux, et j'ai honte de mentir à mon Maître.

     

    "Pardon Raphaël. Mais j'ai trop peur. je ne peux pas ouvrir les yeux, j'ai trop peur."

     

    "Non. C'est moi qui te demande pardon, nine."

     

    "Pour quoi ?"

     

    "Pour ça."

     

    je sens ses mains enserrer ma taille, et sa force me soulever. Mes pieds quittent le barreau de l'échelle, et je pousse un petit cri de surprise.

    "Arrête. je vais tomber. Qu'est ce que..."

     

    je ne parviens pas à finir ma phrase. Mes doigts et mes fesses sont en appui sur le bois ouvert, et la peur me fige. j'essaie de dire non, mais je ne peux plus parler, ni regarder.

    j'entends l'ouverture des combles se refermer derrière moi, si vite. Mes doigts palpent cette issue qui n'est plus, et ma voix ne parvient pas à appeler.

     

    je sens mes jambes se replier contre moi, mon visage s'enfouir dans mes genoux, mes bras se serrer autour de mes mollets. je suis une boule. Une boule tremblante qui ne peut plus réagir.

    je voudrais crier, supplier, appeler, mais je ne peux plus.

     

    Il n'y a pas un bruit autour de moi, et le temps s'est figé. je ne suis plus rien d'autre que peur.

    Peur, et c'est tout. je donnerais tout pour cesser de respirer maintenant.

     

    je n'entends pas un son. Ni venant d'autour de moi, ni d'en bas. Dans ma tête, je recommence tout doucement à réussir à penser. je suis "là-haut". Là-haut, là où il y a fantôme, bassine, bruit, morceaux, et impalpable. Il me semble que, si j'étais en train de penser que j'étais morte, ça ne me terrifierait pas davantage.

     

    Sans doute parce que c'est la dernière chose qui a occupé mon esprit avant d'être ici, je me raccroche au souvenir des tomettes rouges, et de la cour en gravier. Des rires des enfants qui y jouaient, et du soleil, aussi.

     

    Il me suffirait d'ouvrir les yeux pour regarder "là-haut" droit dans les yeux. j'ai l'impression que là-haut est une personne. L'envie de regarder là-haut juste une fois avant de partir, sans doute, d'ici, dans les moments ( semaines ? mois ? je ne sais pas. ) qui vont venir commence à se former, pour la première fois, en moi. Dans mon ventre, dans mes tripes.

    Comme une volonté, un courage étrange et indéfinissable que je n'aurais jamais osé imaginer ressentir avant de me retrouver coincée ici.

     

    je sens mon visage se relever d'entre mes coudes, et mes paupières s'ouvrir. Mes larmes ont rendu mes yeux brillants, et les formes sont confuses, autour de moi, seulement éclairées par deux rayons de lumière qui me font penser, comme une bouée mal gonflée dans l'eau, aux deux petites lucarnes.

     

    Au-dessus de mon corps recroquevillé, immobile, prêt à être écrasé au moindre geste, ma nuque fait des allers et retours sur les poutres ouvertes autour de moi. Tout est si calme. Silencieux. Volatile. Impalpable, comme avant, mais... j'ai beau chercher, il n'y a pas de bassine. Il n'y a pas de silhouette. Il n'y a personne. Même pas de souris.

     

    La lumière a quelque chose de transparent, ici, et... j'ai si peur, alors qu'il faut bien que quelque chose matérialise l'impalpable, si peur d'oser formuler cette pensée dans ma tête, mais... : c'est Beau, ici. Tellement beau.

     

    Mon corps n'a pas bougé d'un seul millimètre, depuis que mon Maître m'a posée en équilibre sur cette poutre, sur mes fesses et mes pieds, et pourtant, mes muscles ne sont plus les même. Leur crispation n'est plus.

     

    j'entends l'ouverture glisser derrière moi, mais je ne me retourne pas.

     

    "Viens."

     

    Mes yeux sont grand ouverts.

     

    "Viens nine."

     

    je suis une statue sans souffle dans la lumière, et je contemple ma peur droit dans les yeux avec une envie terrifiante de faire durer encore un peu la fierté sans nom qui m'emplit.

     

    "Tu m'en veux si fort? Allez, viens. S'il te plaît nine."

     

    Une main sur mes reins.

       

    "Déshabille-toi. tu es grise de poussière."

    Il pouffe de rire.

     

    "tu m'en veux ?"

    je lui souris.

     

    "Non."

     

    "tu as eu peur ?"

     

    "Oui."

     

    "Tu as ouvert les yeux ?"

     

    "Oui."

     

    "Tu me promets? "

     

    "Oui. je te promets. C'est vrai."

     

    "Il n'y avait rien, là-haut, n'est ce pas ?"

     

    "Non. Rien."

     

    "tu n'auras plus peur, alors, maintenant, pas vrai ?"

     

    "je ne sais pas. Non, je ne crois pas."

     

    "Tant mieux."

       

    Dans la douche, l'eau coule sur nos deux corps nus. Il n'y a plus de poussière grise sur ma peau.

    "Raphaël ?"

    Il m'embrasse.

     

    "On va faire quoi, alors ? Hein ?"

     

    " Je ne sais pas ma nine. Je ne sais pas."

     

    Son regard me fuit. j'entrouvre les lèvres et avale une gorgée d'eau tiède, parce qu'elle est passée sur sa nuque avant d'arriver à mes lèvres.

     

    "Je suis fier de toi, que tu aies ouvert les yeux."

     

    je ramène mes cheveux mouillés vers l'arrière de ma tête.

     

    "Fais-moi l'amour, s'il te plaît."

     

    Comme chaque fois qu'Il me regarde, ou qu'Il me touche, le plaisir arrive dans mon corps comme un assiégeant que je ne maîtrise plus, faisant souplement se courber ma taille, mon ventre et mes reins vers l'arrière, vers l'avant, vers Lui.

    Hier soir, mon Maître ne s'est pas relevé, pendant que je pensais de Lui qu'Il était éteint, et pourtant, en m'abandonnant là-haut ce matin, seule avec mes yeux fermés, il m'a propulsée au-dessus de moi-même, comme avant, comme toujours, faisant de l'impossible un possible, du noir la lumière, et de là-haut un ici.

    Peu importe de quoi demain sera fait, puisqu'à présent je jouis, les yeux mi-clos. Ces mêmes yeux avec lesquels, grâce à Lui, j'ai regardé "là-haut", avec mes tripes et mon âme, droit dans les yeux, avant que demain n'arrive.


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  • "Tu es le meilleur jouet dont j'aurais pu rêver".

    Cette phrase, Tu l'as prononcée en me souriant, en pouffant doucement de rire, et en me secouant par les épaules, gentiment, pour que je te sourie à nouveau. Tu venais de me faire pleurer. Pourquoi ? Rien d'important... Deux trois mots. Tu ne les pensais sans doute même pas. Tu les as dits sans les réfléchir, pour t'amuser. D'ailleurs, mes larmes, si faciles à faire venir, ont semblé t'étonner par leur rapidité.

    Il faut dire qu'il est si facile de me faire pleurer.

    je veux bien croire que je suis un jouet efficace.

    Ce doit être jouissif, de savoir qu'à n'importe quel instant, n'importe quand, tu peux "avoir ta dose". Il te suffit de deux trois mots, et la maso pleure aussitôt.

    Ca a semblé te rassurer, Toi qui n'aime pas la complication, de savoir qu'il est si facile d'obtenir rapidement le plaisir de me voir souffrir. Même pas besoin de chercher comment faire, ni de frapper, ni de prendre le temps d'instaurer le jeu. Rien. Juste deux trois mots. Et, déjà, je te repais.

    j'ai ravalé mes larmes, et je t'ai souri.

    "Tu es vraiment le meilleur jouet dont j'aurais pu rêver."

    Cette phrase, tu l'as répétée, sans sourire. En me fixant avec un sérieux grave dans la voix et dans les yeux. Comme si tu prononçais une évidence. Chacun de ces mots semblait te nourrir, te combler. Et Tu m'as fait peur.

    Tu dors, à présent. Tu dors si bien. je me suis collée à Toi en épousant parfaitement la forme de ton corps. Le visage sous ta nuque, et les jambes repliées contre ton ventre. Ta chaleur est ma chaleur.

    "Le meilleur jouet dont j'aurais pu rêver."

    Cette phrase me hante. Comme une deuxième peau.

    Plus fort encore, je me serre contre Toi. j'ai peur. Tellement peur. je ne veux pas être seulement ce jouet qui fait briller tes yeux. je sais bien que ce n'est pas le cas, mais ce regard, quand tu l'as dit... j'ai eu l'impression de n'être plus que ça. Ou de n'avoir le droit d'être autre chose qu'à la condition d'être aussi ça. Que la connaissance de cette facilité pour Toi à me mettre dans cet état là te rendait l'accès à ma douleur, celle qui te nourrit et qui te fait jouir avec le plus d'évidence, plus facile, si facile.

    "Le meilleur jouet dont Tu aurais pu rêver", c'est bien, pourtant. C'est bien, parce que ça signifie que jamais tu ne m'abandonneras, puisqu'il n'y en a pas de meilleur que moi, de jouet.

    Alors pourquoi, en boule contre Toi, je me suis resserrée plus fort encore sur moi-même, et j'ai pensé que j'aimerais ne pas être "vraiment le meilleur jouet dont tu aurais pu rêver" ? je suis traître et hypocrite, d'avoir pensé ça si fort. De l'avoir prié en silence si fort. je suis traître et hypocrite, puisque, lorsque tes yeux brillent, lorsque Tu jouis de me voir souffrir, moi aussi, je me sens repue. je suis traître et hypocrite, et pourtant, c'est plus fort que moi, je le pense encore.

    je le pense encore, je le prie encore.

    j'ai peur.


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  • Il regarde par la fenêtre, et son regard est triste, absent.

    Sa tristesse et son absence me touchent au cœur. Mes bras s'entourent autour de sa taille et mon nez vient prendre son air au creux de son épaule.

    "Qu'est ce qu'il y a ?"

    j'ai juste murmuré, parce que je me suis sentie obligée de poser la question, mais que je n'avais pas envie de la poser, parce que je savais que mon Maître n'avait pas envie d'y répondre.

     

    Il se retourne, et me sourit d'un regard fatigué qui trahit pour une fois son âge et que j'ai du mal à soutenir.

     

    "Ce soleil me rend triste Nine. On a si peu profité de l'été ensemble. j'ai l'impression que les jours de l'été nous échappent. Que cet été nous échappe... "

     

    Il y a une telle sincérité, une telle angoisse, dans sa voix, même au moment où il se force à se taire en détournant les yeux, que chaque mot électrise ma peau.

    je sais son amour pour l'été, puisque j'ai le même. je sais sa peur de laisser échapper les jours, puisque j'ai la même. je sais son manque de ma soumission constante qui était notre Hier, puisque j'ai la même.

    je sais la valeur de chacun de Ses mots, puisqu'ils sont si rares.

     

    je sais que je suis en grande partie responsable de son manque et de sa peur, mais je sais aussi qu'Il ne me le reprochera pas, comme je ne lui reproche pas les peurs et les manques qu'Il me donne, comme emballages maladroits de son amour.

     

    je ferme les yeux.

    Des souvenirs de l'été dernier, des souvenirs de chaleur, de clarté, de mon corps tendu et offert dans le soleil me reviennent en mémoire, et je réalise que ces souvenirs là ont plus de valeur que tous les autres.

    Est-ce que c'est parce que j'offrais alors ma soumission, ma nudité, mes soubresauts de douleur, mon souffle court, et mes larmes silencieuses, aux yeux des arbres, aux yeux des oiseaux, aux yeux du soleil, des nuages, aux yeux de la terre claire et des herbes jaunies, aux yeux du Ciel, me réconciliant enfin avec eux, me laissant mettre à nue par eux, dont la douceur ne se tarissait pas à la vue de ma folie, et dont le regard sans jugement nettoyait minute par minute la honte dont je m'étais entourée si longuement pendant tout l'hiver, dans la semi-obscurité où mon Maître me faisait sienne ?

     

    Les larmes me montent aux yeux, parce que je réalise que, même si, cette année, la honte a été moins forte, rien ne l'a nettoyée à la fin de l'hiver, et qu'elle m'entoure toujours, comme une deuxième peau.

     

    "Emmène-moi".

    De murmure, ma voix est devenue silence, mais mon Maître l'a entendue quand même.

     

    je vois ses mains, pour accéder au sac sombre qui contient notre secret, repousser une pile de chemises, une pile de livres, et un pot de peinture, encombrants vestiges du temps qui s'est écoulé entre notre dernier rendez-vous avec le soleil et aujourd'hui, et une joie calme et tiède me prend au cœur.

     

    "Tu vas m'emmener où ?"

    Il me sourit.

    "A la rivière. Au pont cassé. tu te souviens ?"

     

    Son regard a pris la lueur brillante de son sadisme, et l'obscurité bienveillante de sa protection, me faisant trembler des pieds à la tête du désir impatient de retrouver mon Maître.

     

    Si je me souviens ? Bien sûr, que je me souviens... je me souviens de cette grande pente de béton gris aux rebords hauts, enfoncée comme venue de nulle part au milieu des galets et des rochers. je me souviens des crochets qui sont fixés à son extrémité, de chaque côté, juste à l'endroit où l'eau, suivant sa pente frénétiquement, plonge avec violence jusqu'au contrebas. je me souviens du vert fluo des algues dont la croissance est accélérée par l'aubaine de cette petite cascade nourricière, et qui danse, apparaissant et disparaissant sans cesse, dans cette eau furieuse. je me souviens de notre imaginaire, construit autour des deux solides anneaux de fer fixés aux crochets, de notre envie d'essayer de comprendre leur présence, inassouvie, puis de notre volonté commune de leur trouver une seconde vie, une seconde vie où mes doigts se crisperaient de douleur et de désir sur leur arrondi vermoulu.

     

    je me souviens de l'automne, arrivé trop vite, meurtrier de notre volonté, puis du voile d'oubli, formé par les mois, meurtrier de notre imaginaire.

     

    Au moment où mon Maître, debout devant moi, ressert d'un cran le cuir noir de mon collier en me souriant, je me souviens aussi du noir qui, au printemps, a pris la place du vert fluo dans mon esprit, quand je pensais à la rivière.

     
    Le noir sous et sur les yeux des garçons. Le noir sur le visage des enfants que j'aurais eu si mon Maître ne m'avait pas sauvée.
     
    "Elle n'a pas supporté de les voir si turbulents, si joyeux, alors qu'elle a du mal, et... elle était en train de passer la javel... leurs yeux étaient si rouges qu'elle a voulu cacher leur rougeur en leur entourant de noir...tu ne diras rien ? tu jures ? Emmène-les, le temps que je lui parle..."
     
    Ses cheveux - mes cheveux - sont hérissés au-dessus de son visage anguleux, et les cheveux des garçons sont identiques, hérissés, au-dessus de leurs yeux noirs.
     
    "Tu les emmènes où ?"
    "A la rivière."
     
    Tremblante et immobile sur le côté de l'entrée, fixant la voiture qui passe lentement à côté d'elle, la voiture qui emmène ses fils, elle a l'air si vulnérable qu'elle en paraît plus jeune que moi, et si fatiguée qu'elle en paraît plus âgée que ses fils.
     
    Sa fatigue et sa vulnérabilité me font oublier le rouge et le noir autour des yeux des garçons, et je me penche pour embrasser sa joue.
     
    "je ne les ramènerai pas tard."
     
    Elle se moque que je les ramène tard ou non. Tout ce qu'elle avait besoin d'entendre, c'est que je vais les ramener. Sa peur s'évanouit, et laisse place à la résignation. Résignation face à la discussion à venir, à laquelle elle n'échappera pas, et qui la fera pleurer et sangloter d'impuissance.
     
    Dans le silence de la route, je regarde les garçons, par le rétroviseur. Assis côte à côte à l'arrière, ils ressemblent à deux "zombies gothiques" échappés d'un film d'horreur.
    Et j'ai honte.
     
     
    A la rivière, j'essaie d'enlever le noir, mais ça ne part pas. j'étale, et c'est pire. Heureusement que le rouge était parti seul.
    Les garçons rient de ma maladresse, et c'est bon, d'entendre leurs rires.
     
    Ils rient encore pendant longtemps, toute l'après-midi, alors que nos peaux verdissent dans les algues, et le noir finit par partir seul, dans l'eau trouble.
     
    Au moment de partir, il nous faut retraverser la rivière, et les pierres sont glissantes, au milieu du courant.
    Mateo passe le premier, en sautant comme s'il volait, mais le petit reste figé par la peur, au milieu des énormes galets, et commence à pleurer.
     
    Le premier "maman" sort, et je me dis que ce n'est rien. Qu'il suffit de lui donner la main, de la serrer fort dans la mienne, de lui dire que ça ne fait pas peur, et qu'il passera.
     
    Mais d'autres "maman" suivent, le petit tombe accroupi dans les algues, son visage prend un air de désespoir, et ses pleurs se décuplent. Mateo, sur la rive, se moque à grand renfort d'insultes de la peur de son petit frère, qui retire sa main chaque fois que j'essaie de la saisir, et me jetant ses "maman" étouffés de pleurs au nez, comme si je ne valais pas le dixième de ce mot.
    Et il a raison.
    je ne vaux pas le dixième de ce mot.
     
    Ses pleurs se font déchirants dans le bruit continu de l'eau, et chaque "maman" de plus dans sa voix prend un ton plus dramatique que le précédent, faisant monter plus haut en moi mon envie de m'enfuire de là, tout de suite, à toutes jambes, de les abandonner là, et de partir pleurer ailleurs, lâchement.
     
    Au bout d'une minute qui me paraît toute une vie, je saisis enfin le petit à bras le corps, et le pose de l'autre côté, sur la berge, en cessant d'écouter ses pleurs.
     
    Mateo est hilare, le petit, lui, se calme doucement, et lorsqu'il finit  enfin par me donner la main, dans le chemin poussiéreux qui nous ramène au bord de la route, je ravale les larmes qui sont montées en moi au milieu de la rivière et ont failli accompagner les siennes, et je me force à cesser de trembler.
    Sa main dans la mienne, je me surprends, en même temps que je marche, à prier en moi-même, au rythme du chant des cigales.
     
    je prie mon Maître et le ciel.
    je remercie. De toutes mes forces, je remercie.
     
    "Merci mon Maître, merci mon Dieu, de ne pas m'avoir faite mère... Merci."
     
    je pose ma paume libre sur mon ventre et prie pour qu'il reste vide.
    Pour qu'il reste vide, encore assez longtemps.

    je remercie mon Maître et le Ciel ( surtout mon Maître ) grâce auxquels il en est ainsi.

     
     
     

    "ça va ?"

     

    Le temps que mon Maître ouvre le sac, les larmes du petit me sont revenues dans les yeux, et, un instant, la rivière devant moi, m'a semblée noire à nouveau. Et mon Maître ne comprend pas ces larmes, qui me sont venues si vite.

     

    "Oui. C'est simplement que j'avais oubliée qu'elle était si verte, si claire."

    je lui souris.

    Et les larmes sèchent.

     
     
     
     

    Mes poignets et mes chevilles sont reliés entre eux par la chaînette, qui les serre fort l'un contre l'autre. Mon corps est allongé dans le vide, face au ciel, entre les deux anneaux, et toute l'eau de la rivière pèse sur mon ventre, et sur mes seins, qu'elle écarte l'un de l'autre.

    L'eau forme avant de s'évacuer une retenue lourde et écrasante dans le creux de mon ventre, imposant à tous mes muscles de se contracter pour en supporter le poids et la pression.

     

    C'est une pression glaciale, ininterrompue, à laquelle se mêle la danse effrénée des algues, qui s'insinuent partout sur ma peau, dansant à m'en rendre folle sur ma nuque, mes aisselles, mon ventre, mes cuisses...

     

    Le contraste entre la légèreté de la danse des algues, si fines, si chatouilleuses, et la lourdeur implacable de l'eau sur tout mon corps me fait gémir de dépit sous le regard de mon Maître, qui, debout au milieu du courant à côté de moi, l'eau lui arrivant à mi-cuisses, a entouré une main autour de son sexe, que mes gémissements rendent de plus en plus haut.

     

    L'eau fouette mon visage sans relâche, me contraignant à chercher mon air sur les côtés, me volant l'image de mon Maître, me volant ce regard sadique et ravi qui m'excite tant, et je sens, impuissante, mon corps tout entier s'arquer vers le haut pour atténuer le supplice, puis se relâcher, à bout de force, puis s'arquer à nouveau, sous la pression continue de l'eau, comme s'il dansait de plaisir sous le corps de mon Maître.


     

    j'entends, dès que mon visage trouve un peu d'air dans le flot glacial de l'eau, s'échapper de mes lèvres de longs gémissements de désir, de douleur, de plaisir, de fatigue, et de bonheur, alors que mes chevilles et mes poignets sont en train de s'ouvrir, de saigner, par la pénétration des chaînettes tendues dans ma peau, de plus en plus profond.

     

    Soudain, ma jambe droite se détache, et, suivant le courant, sans autre choix, s'écarte violemment du reste de mon corps, et je vois mon Maître se glisser, en luttant contre la force de l'eau, entre mes jambes grandes ouvertes, tendues, que je ne suis plus capable de sentir ni de contrôler à cause du froid et de la pression.

     

    Aussi violemment que l'eau qui fouette ma peau sans relâche depuis bientôt un quart d'heure, il me semble, le sexe de mon Maître s'enfonce en moi, déclenchant un spasme invisible dans tout mon corps.

     

    Le bas de mon corps tente d'accompagner les mouvements de ses reins en moi, mais y parvient peu, tant le supplice que m'impose la force de l'eau devient ingérable.

     

    j'utilise alors les derniers restes de mon énergie pour lutter contre l'eau, lutter contre le courant, et me tendre de toutes mes forces à mon Maître, m'offrir autant que faire ce peu, dans ce chaos d'eau gelée et brutale, dont le caractère inexorable, impitoyable, me rend folle de désir et d'envie.

     

    De longs spasmes de plaisir secouent mon corps de bas en haut, luttant avec bien plus de force que moi contre le vert fluo - le noir ? - de la rivière, laissant échapper de mes yeux des larmes impossibles à retenir, comme si l'eau - le plaisir ? - était entré(e) en trop grande quantité en moi, et avait besoin de ressortir, de s'exprimer, aussitôt effacé(e) par  la violence de la rivière.

     

    A contre-courant, noyée par la colère de l'eau à l'extérieur et par le plaisir de mon Maître à l'intérieur, je me sens libérée comme jamais, nettoyée de toute honte, réofferte à moi-même et à la vie, vivante, à nouveau, et, lorsque les chaînettes sont détachées d'un seul coup par mon Maître et que mon corps nu s'enfonce dans le tumulte de la petite cascade, je remonte à la surface avec la certitude que les eaux sont vertes.

     

    Vertes claires.

     

    Pas noires.

     
     
     

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  • C'est en m'appuyant sur l'extérieur de la grille pour reprendre mon souffle que l'onde de douleur m'est montée du bas des reins jusqu'à la nuque.

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    Tant que j'étais à l'intérieur, je n'ai pas réalisé, mais, en sortant, la douleur m'a prise sans prévenir, d'un seul coup, remontant tout le long de ma colonne vertébrale.

     

    je ne crois pas que ce soit une douleur due au choc, c'est simplement une douleur de contraction, à cause du coup de peur.

     

    Arizo me regarde avec un air vide, de l'autre côté de la grille.

     

    Ses dents étaient il y a moins d'une minute à deux centimètres de mon visage, et ses énormes pattes plaquaient mes épaules contre le mur.

     

    j'ai beau faire ma forte, je dois bien avouer que j'ai eu peur. Très peur. Il n'y avait plus personne nulle part depuis une bonne demie-heure, et, si elle avait décidé de me bouffer, il n'y aurait eu personne pour me tirer de là.

     

    je la regarde en me disant que si je parle, elle est morte.

    Ils ont bien prévenu : encore une, une seule manifestation d'agressivité, et on la pique.

     

    C'est normal, et ils ont raison. Elle pourrait s'en prendre aux petits, elle pourrait faire mal à l'un deux.

    Simplement... je ne veux pas être responsable de sa mort.

     

    Elle n'est pas méchante, simplement folle.

    Il y a quelque chose dans son esprit qui casse, et elle agresse. Sans prévenir.

     

    je ne dirai rien. Pas cette fois. Pas encore. Même si j'ai eu très peur.

     

    je m'éloigne vers les bureaux et le parking en grimaçant à chaque pas. Mon dos est en miettes. j'ai mal à en pleurer.

     

    Arrivée à la maison, je mords fort dans mon poing en espérant faire passer la douleur. Mais la douleur est là, et bien là. Elle reste, s'insinue entre chacune de mes côtes, et, me croyant seule, je gémis doucement.

      

    "Qu'est ce qu'il y a ma pépette ?"

     

    je relève la tête, surprise qu'Il soit déjà là. Surprise, mais soulagée.

     

    "je me suis fait mal."

     

    je lui dis que je me suis fait mal au dos au travail, sans parler d'Arizo. je n'ose pas lui dire que j'ai voulu faire ma maligne en rentrant dans les grilles après le départ des autres, et que c'est elle qui m'a broyé le dos en essayant de me bouffer. j'ai peur qu'Il me reproche, comme souvent, de, toujours, jouer avec le risque. j'ai peur qu'Il me reproche de ne jamais faire attention à rien, de n'être pas assez adulte.

     

    je croise ses yeux, je comprends, et je soupire de douleur.

    "Non Raphaël. Pas aujourd'hui. Pas ce soir. j'ai trop mal. Si tu me touches, je vais mourir."

     

    Il me sourit, me souffle à l'oreille : "Tout de suite les grands mots..." et me prend dans ses bras.

    Sa simple étreinte me coupe le souffle de douleur. Comme si mes os étaient fracturés de l'intérieur.

     

    Lorsqu'il me soulève, la douleur se décuple, et j'enfonce mes doigts dans son dos.

     

    "Raphaël, s'il te plaît... je me suis Vraiment fait mal. S'il te plaît..."

     

    "Tais-toi."

     

    Il me pose dans Notre pièce, et, comme je n'ai plus le droit de parler, je le supplie du regard.

    je ne veux pas. je ne peux pas.

    Pas ce soir.

     

    Il défait les liens qui étaient noués entre eux.

     

    "Raphaël, non..."

     

    Il pose ses doigts sur mes lèvres une dernière fois, et je me tais.

    j'ai peur.

     

    Pendant qu'il entoure les liens autour de mes poignets et de mes chevilles, je mets ma respiration au ralenti, pour être plus forte que le mal, dans tout mon dos.

     

    Il serre à peine les liens, et, au milieu d'eux, je prends la position qui me fait le moins mal.

     

    "Ouvre."

    Il présente un petit cachet blanc devant mes lèvres, dont je ne vois pas la forme, mais je ne veux pas.

     

    "Non Raphaël. je n'ai pas le droit. Pas de mélanges. j'ai déjà pris les autres, et au centre, ils ont dit que..." Il serre le bas de mon visage entre ses doigts, et je ne finis pas ma phrase.

    "Ouvre."

     

    j'essaie de me débattre, mais il me tient fermement, et me contracter pour essayer de lui échapper relance si fort la douleur dans mon dos que je finis par m'immobiliser de moi-même.

     

    "Arrête. je ne veux pas. je ne veux pas prendre le risque de retourner là-bas. La dernière fois..."

    j'ai parlé en serrant les dents, pour que le cachet ne puisse pas entrer dans ma bouche, mais la force de ses doigts autour de ma mâchoire a eu vite fait de lui permettre d'entrer.

     

    "Avale."

     

    je fais non avec la tête. j'ai peur.

    je ne veux pas retourner là-bas. je ne veux pas faire de mélanges, et retourner là-bas.

     

    "Avale nine. tu me fais confiance ou non ?"

     

    Le goût âcre du cachet se diffuse sur ma langue, et je sens les larmes me monter aux yeux.

    Ce n'est pas juste. Ce n'est pas juste que je sois obligée de prendre des risques pour lui prouver que j'ai confiance.

    Même si j'ai confiance.

     

    Entre deux sanglots, le cachet s'enfonce dans ma gorge, et j'ai peur.

     

    "Raphaël, s'il te plaît..."

     

    je ne sais pas à quoi ça sert que je le supplie, puisque c'est trop tard. Le cachet est en moi, se diffusant sans doute déjà dans mon organisme, et si je dois faire une réaction, si je dois perdre pied, perdre souffle, perdre vie, et être à nouveau dépendante des autres pour savoir si je peux respirer ou non, je ne peux plus rien y faire. C'est trop tard.

    Et c'est la faute de mon Maître.

    Et je lui en veux.

     

    "Ne me fais pas ces yeux là nine."

     

    Au ton ferme de sa voix, je me doute que mes yeux doivent trahir mon état d'esprit, qu'ils doivent être haineux, et je les détourne.

    Pour qu'Il ne les voit plus.

    Il m'empoisonne, et Il ne veut pas que je Lui en veuilles ?

     

    Quand Il s'éloigne de moi, je panique, dans mes liens.

    je ne veux pas qu'Il parte. je ne veux pas qu'Il me laisse.

     

    Il revient avec entre ses doigts la casserole d'eau bouillante, fumante.

    Celle qui sert généralement à clore nos jeux les plus passionnés.

     

    Si j'étais Passion, je serais souriante. Mon corps se tendrait déjà vers les brûlures à venir, tremblant d'envie.

    Mais ce soir, je ne suis pas passion.

    Ce soir, j'ai mal, et j'ai peur du cachet qui est en train de fondre en moi.

    j'ai mal et j'ai peur.

     

    La chaleur se rapproche de moi, et je me dis que, si je me contorsionne sous l'effet des brûlures, mon dos va se briser.

    Que je ne le supporterai pas.

     

    je ferme les yeux. Pourquoi est-ce qu'Il ne m'écoute pas ? Pourquoi ?

     

    je sens la chaleur se rapprocher de mes reins, et je gémis avant même qu'elle ne m'ait effleuré, me tendant, crispant tous mes muscles.

     

    Mais, étrangement, la chaleur ne ressemble pas à celle de d'habitude.

    C'est la main chaude de mon Maître qui s'est plaquée dans mes reins, s'appuyant contre ma peau, sans brûler.

     

    j'entrouvre les yeux, et vois la casserole, qui n'a pas bougé de la surface où elle est posée.

     

    Lorsque la main de mon Maître s'éloigne, je regrette son contact.

    je le vois se rapprocher de la casserole, et positionner sa main juste au-dessus de la surface de l'eau, dans la fumée blanche.

    je suis persuadée que la chaleur doit le brûler, et j'ai mal à l'idée que mon Maître puisse avoir mal.

     

    Il reste de longues secondes immobile, sa main au-dessus de la chaleur, me regardant calmement, sans me parler, puis revient à moi, et plaque à nouveau sa main sur mon dos, doigts écartés, contre ma peau.

     

    Il déplace lentement sa main, remontant presque jusqu'à ma nuque, la plaquant fort contre moi chaque fois qu'elle s'immobilise, et j'ai l'impression que la douleur dans mon dos suit sa chaleur, se déplace avec elle, se décuplant au point de me faire gémir, puis s'effaçant, comme si mon Maître pouvait la faire fondre en moi.

     

    je relève les yeux, et réalise que mes liens ne sont plus tendus autour de moi, que je m'y suis complètement laissée aller, comme si la peur m'avait quittée.

     

    Combien d'aller et retour, entre la casserole d'eau fumante et mon dos ?

     

    je ne sais pas...

    chaque fois, Sa main est revenue plus chaude encore sur ma peau, et, chaque fois, j'ai senti la douleur se dissiper un peu plus...

     

    Mon dos est bouillant, mais il n'y a plus de douleur.

    j'ai beau la chercher, je ne la trouve plus.

     

    Lorsque mon Maître me détache, je me relève, défais mes derniers liens, et cherche encore la douleur.

     

    Il me regarde d'un air secret, souriant, et je me demande par quel miracle il a pu faire sortir la douleur de moi avec la simple chaleur de l'eau sur ses mains.

     

    "Comment est-ce que tu as fait ?"

     

    Il rit, me murmure "Magic System", en roulant des yeux, et fait mine de faire trois pas de zouk, en s'éloignant vers la porte, alors qu'il n'y a pas de musique.

    je pouffe de rire.

     

    je me sens bête à présent, seule debout au milieu de la pièce, à côté de mes liens emmêlés sur le sol. Bête de ne pas lui avoir fait confiance. Bête, aussi, d'avoir fait tant de cinéma, de ne pas avoir été plus courageuse, alors que... ce n'était rien, ce dos, en fait.

    Et pourtant... je ne suis pas folle... je sais bien que j'avais mal à en pleurer, quand je suis rentrée à la maison. Comment a t'il fait? Comment ? Par quelle magie ?

     

    je passe à côté du petit meuble, et vois la plaquette de cachets ouverte. Par curiosité, je la prends entre mes doigts. Il manque un quart de cachet de Doliprane 250mg dans l'alu.

    Un quart sur du 250 mg.

    Rien, pour ainsi dire...

    Que j'ai été bête...

     

    Mais... comment est-ce que ça aurait pu suffire à faire passer la douleur?

     

    Mon Maître est devant son ordinateur, et il pianote.

    "ça va mieux ?"

     

    je rougis. je me sens si stupide.

    "Oui."

     

    je n'ai pas envie de le déranger, mais...

     

    "Raphaël ?"

     

    "Quoi ?"

     

    Il me sourit, et m'écoute. ça fait tout bizarre. D'habitude, Il n'écoute pas.

     

    "Comment est-ce que tu as fait ?"

     

    "Comment est-ce que j'ai fait quoi ?"

     

    Il sait très bien de quoi je parle, mais je crois que la situation l'amuse beaucoup.

     

    "Comment est-ce que tu as fait, pour faire partir la douleur ?"

     

    Sans me répondre, il me fait signe de m'approcher, et, lorsque je suis à sa portée, il tire doucement mes cheveux vers le bas.

     

    je n'oppose aucune résistance, et je prends ma position favorite, le visage sur ses genoux, sa main caressant ma joue, et ma nuque contre son ventre, pouvant sentir chaque mouvement de sa respiration.

     

    je cherche une dernière fois la douleur, essayant d'inspirer très fort, gonflant mes poumons d'air, pour voir si elle n'est pas cachée au fond, mais... elle a Réellement disparu.

     

    Une immense sérénité, presque comme une terrible envie de dormir, m'enveloppe.

     

    Et, alors que mes yeux se ferment contre la peau tiède de mon Maître, ses gestes, si précis, si mesurés, au-dessus de la casserole fumante, et le long de mon dos, me reviennent en mémoire. Son air secret, aussi, ce drôle de petit sourire, dont je n'ai pas compris le tiers...

     

    J'utilise ma dernière énergie, avant que le sommeil ne m'emmène, pour sourire, contre sa cuisse.

    Sourire, parce que j'ai l'impression de m'endormir contre un sorcier vaudou, ou un magicien, ou un Ange, dont la magie n'est simplement pas explicable, et que j'adore l'idée de m'endormir contre cette personne là.


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  • "Qu'est ce que tu fais, avec ces réveils ?"

     

    "je les règle."

     

    "fais voir."

     

    je m'écarte, pour qu'il voie, en lui souriant.

    je lui expliquerais bien, mais il ne comprendrait pas.

    Alors je lui souris.

     

    "Mais ils sont réglés, ces réveils, nine."

     

    "Oui oui..."

     

    je lui dis oui, doucement, mais mes doigts, au millième de centimètre près, continuent de régler les réveils.

    Il rit.

     

    "T'es une drôle de fille, tu sais."

     

    j'aime son regard sur moi, lorsqu'il s'éloigne vers la cuisine en haussant les épaules. Une boule d'amour m'entoure, à cause de son regard sur moi.

     

    "Tu t'en vas à quelle heure ?"

     

    "Dès que j'ai fini de régler les réveils."

     

    Il secoue la tête de droite à gauche, moqueur, sans comprendre.

     

    "Tu reviens ?"

     

    Mes doigts s'immobilisent... j'espère. j'espère que je reviens.

     

    "J'ai envie que tu reviennes"

     

    "j'ai envie aussi."

     

    Ses jambes amorcent plusieurs fois le geste de s'éloigner de moi, mais ne le terminent jamais, et, finalement, Il se rapproche.

    Si près.

     

    Ses bras m'enserrent, par derrière, et ses lèvres sont si près de ma peau que je sens la tiédeur de son souffle dans ma nuque.

     

    "Si tu reviens..."

     

    Ses doigts se serrent sur mes seins, tellement fort, Il pourrait les broyer, s'Il serrait juste un petit peu plus. Et ses dents s'enfoncent dans mon épaule nue.

    Je ferme les yeux de douleur et d'envie.

    D'envie, surtout.

     

    je sens mes jambes trembler et le bas de mon ventre bouillir, d'envie.

     

    j'ai passé deux jours à demander. Deux jours à demander qu'Il soit mon Maître, à demander, par tous les moyens possibles.

    Il a fait mine de ne pas comprendre. Il m'a même fait l'amour n'importe comment, sans serrer, sans frapper, sans mordre, sans gifler, et j'en suis ressortie plus vide encore qu'avant.

    Il sait bien, pourtant, qu'avec moi, ça ne sert à rien.

    Et c'est maintenant, à une minute de partir, que ses doigts et ses dents se serrent.

     

    je suis sûre qu'Il l'a fait exprès.

    Exprès pour être sûr que je revienne.

     

    S'Il m'avait donné ma "dose" avant que je m'en aille, je serais revenue moins vite.

    Mais là, tout mon corps L'appelle, et, sans être partie encore, je ne pense déjà plus qu'à revenir.

     

    Si tu reviens...

    Sa voix est menaçante, grave, terrifiante, elle laisse deviner l'intensité du délice des douleurs à venir, sans avoir besoin de les nommer.

     

    Lorsqu'Il me lâche, et que mes yeux se réouvrent, je sens que la base de mes cuisses est trempée, et que mes joues sont pourpres.

     

    Il rit, en s'éloignant, ravi de son coup, et certain de ses conséquences.

    ça se voit dans ses yeux sur moi qui brillent d'une lueur que seule cette certitude leur donnent. j'aime cette lueur.

    j'aime cette lueur, tellement.

     

    Et cette lueur me suit pendant de longues minutes, alors que je m'éloigne.

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    "Je m'en doutais, que tu m'emmènerais ici."

     

    je lui souris, en regardant autour de nous, détaillant chaque recoin de la grande pièce.

    Les petites volutes de fumée près du bar, les grosses fesses de Josy qui se dandinent adorablement, le labrador obèse qui quémande d'une table à l'autre avec des yeux larmoyants, le carrelage décoloré devant la porte, le faux lierre en plastique vert clair qui a pris la poussière, la lumière du fond, à droite, qui vacille depuis des années sans jamais s'arrêter.

     

    "j'aime bien, ici."

     

    "Je croyais que tu n'aimais pas."

     

    "Si, j'aime bien."

     

    "Bon..."

     

    "Quoi?"

     

    "Tu le déballes, ou pas, ton cadeau du lendemain de la fête des pères ? Tu me dis que tu veux me voir pour le cadeau, et tu le déballes pas."

     

    Je ris. Il a une impatience de gosse. j'adore, quand il est comme ça. j'aimerais pouvoir cramer sa boîte, pour qu'il n'y reste plus jamais, et qu'il soit toujours comme ça.

     

    je prends le paquet mal fait ( pourquoi le dernier rouleau de scotch tombe t'il toujours en panne quand on veut emballer un cadeau important ? Pourquoi ? ), et le lui tends, par dessus la petite table.

     

    "waow..."

     

    Il est moqueur. Il sourit. ça fait si longtemps, qu'il n'avait pas souri.

    Il faut dire que le cadeau a vraiment une forme pitoyable.

     

    je rougis... "je sais... mais y'avait plus de scotch."

     

    Quelle couillonne.

    C'est pas grave.

     
     

    Il aligne les trois petits réveils devant lui.

     

    je pouffe doucement de rire.

     

    Il scrute les aiguilles, même les aiguilles des secondes, pendant de longues minutes.

    Et, après que le labrador obèse ait changé de table au moins quatre fois, après que Super Josy ait tiré sur le bas de sa jupe deux fois, après que les aiguilles aient fait au minimum sept ou huit tours de cadran, il relève un air comblé vers moi. 

     

    "Comment tu as fait ?"

     

    "j'en ai chié."

     

    Nos deux rires, il n'y a que nous pour les entendre. Discrets. Un peu honteux. Personne ne comprendrait.

     

    Comment comprendre des coups de peur dans le noir parce que des aiguilles ne tournent pas au même rythme ? Comment comprendre des crises d'angoisse et des coups de colère à taper dans les murs parce que de simples aiguilles ne sont pas synchronisées d'un bout à l'autre de la pièce ? Qui d'autre peut comprendre ? Qui ?

    Personne.

     

    "Merci."

     
     

    Il me demande pardon avec les yeux, mais je n'écoute pas.

     

    "Tu vas jeter celles que tu avais, pas vrai ? Sinon, ça ne sert à rien."

     

    "Oui. D'accord."

     

    Il a tellement honte.

    j'ai mal, qu'il ait si honte.

    je voudrais lui dire que ce n'est rien. Que j'ai eu peur, mais que c'est passé, maintenant. Que je ne lui en veux pas. Que je sais que c'est le manque, et seulement le manque, qui fait ça. Que ses poings n'ont pas fini sur moi, mais sur le mur, et que, donc, il n'y a finalement rien de si grave. Que seuls lui et moi savons, et que personne d'autre des gens qu'il croisera ne saura jamais.

     

    Qu'il n'y a rien de grave.

     

     

     

    Super Josy, et le chien, et les rires des fumeurs du bar, et les allées et venues à la porte, nous sauvent. Il range les petits réveils dans son sac, discrètement, et je fais mine de ne pas voir son geste.

     

    "Il faudra que tu me ravitailles."

     

    je me crispe. Il dit ça pour changer de sujet, pour détendre nos deux visages, mais ça ne marche pas.

     

    je murmure "non."

     

    "Quoi ? "

     

    "Non."

     

    "Pourquoi ?"

     

    je ne réponds pas.

     

    "Tu préfères que je conduise, c'est ça ?"

     

    "Non."

    j'hésite... j'ai peur. je suis vraiment une pute. Une salope.

    Même pas. Une merde de pute.

     

    Que j'ai honte...

     

    Mais il le faut.

     

    "L'hyper est à 3 kilomètres, et... t'es pas infirme, j'crois."

     

    " OK... je vois..."

     

    Comme il m'en veut... C'est grave, comme il m'en veut...

     

    " Pour l'argent, je peux te dépanner."

     

    Ses lèvres se crispent.

     

    "Ou à la limite, donner ta part à Maria, pour quand elle y va, si tu as peur.

    Mais je crois que ce serait mieux si tu te débrouillais. Que ce serait mieux si tu y allais. Il y a même une ligne de bus qui peut te prendre à mi-route, j'ai regardé."

     

    Il me fixe, et je n'arrive pas à soutenir son regard.

     

    "ça te coûte pourtant pas grand chose."

     

    "C'est pas pour ce que ça me coûte."

     

    "C'est pourquoi, alors ? Pour le plaisir de me foutre dans la merde ? Pour le plaisir de me voir emmerdé ?"

     

    Il ressort les réveils du sac, et les pose devant moi, sur la table.

     

    "Tiens, tu peux les garder."

     

    Mes tripes se tordent.

     

    Avant qu'il ne s'éloigne, j'ai la force, même si mes yeux sont trempés, à l'intérieur, sans qu'aucune larme ne s'en échappe.

     

    "C'est pour toi."

     

    j'ai parlé fort, et j'ai peur que les autres nous regardent. Mais personne n'a fait attention.

    je tremble des pieds à la tête, sur ma chaise.

     

    Il se retourne, et me regarde.

    je ne vais pas baisser les yeux. Si je les baisse maintenant, rien ne va changer.

    je ne vais pas les baisser.

     

    Il se rassoit, en silence, ses yeux toujours dans les miens.

     

    Plusieurs minutes passent, avant qu'il ne répète "Pour moi ?"

    Il murmure presque. je n'ai pas l'habitude.

     

    je fais oui avec la tête.

    Plus aucun mot ne sortira, l'intérieur de ma gorge s'est noué sur lui-même, et l'air ne peut plus passer.

     

    Sur la route de Memphis remplit le silence entre nous deux, et, au dernier couplet, il reprend les réveils entre ses doigts, et les ramène à lui, avec douceur, pour ne pas décaler les aiguilles.

     

    C'est lui qui baisse les yeux.

    Juste à temps, avant que l'eau dans les miens ne puisse plus y tenir.

     

    "Merci."

     

    Il se lève.

    j'ai juste eu le temps d'effacer les larmes sur mes joues, avec mon poignet, avant qu'il ne me regarde à nouveau.

     

    "Tu me ramènes, ou là aussi, je dois marcher à pieds ?"

     

    Son regard est rieur, et je ris aussi.

     

    "Bien sûr, que je te ramène."

     
     

    Merci papa.

    Merci de m'aider à t'aider, même si ça va doucement.

    Merci d'avoir fait demi-tour, au lieu de t'en aller.

    Merci merci merci merci, d'avoir fait que, pour le petit déjeuner du lendemain de la fête des pères, les choses bougent un petit peu. Merci.

     
     
     
     
     
     
     
     

    "Tu es revenue?"

     

    je suis bouillante, dans mon ventre, dans mes joues, entre mes cuisses, partout...

    je suis vivante et bouillante.

     

    "Bin oui."

    je ris.

    "Tu avais dit que, si je revenais..."

     

    je n'ai pas le temps de finir ma phrase.

    Ses doigts s'entourent autour de mes cheveux, qu'il tire en arrière.

     

    Il tire fort, en arrière, et vers le bas, et mes jambes flanchent sous moi.

     

    Mon corps à genoux sous le sien est cambré en arrière. Mon cœur bat la chamade. Il ne m'a pas encore touchée, mais, déjà, ma poitrine se secoue de spasmes de désir, et mes lèvres gémissent à chacun de mes souffles.

     

    je souris de plaisir, lorsque ses doigts déboutonnent mon haut, puis mon soutien-gorge, et que ses ongles griffent ma nuque, mes seins, et mon ventre.

     

    Il me dit d'être nue, et mes mains font glisser le tissu si vite que je ne m'en rends même pas compte.

    Pas avant le premier coup sur mes cuisses, puis le deuxième sur mes fesses.

     

    Sa main plaque le haut de mon corps sur le sol, puis s'engouffre entre mes cuisses, pressant tellement fort que je me mords la lèvre pour ne pas crier.

    je suis si trempée que j'ai l'impression d'être en train de me vider de plaisir sur ses doigts, qui appuient, qui massent, qui pincent, qui tirent, qui s'engouffrent, qui se retirent, et qui s'engouffrent encore.

     

    Son autre main frappe, et, plus elle frappe fort, plus mes fesses se tendent.

    Et, plus mes fesses se tendent, plus sa main entre mes cuisses se fait brutale, et plus je sens mon plaisir brûlant s'écouler, traînées brûlantes le long de ma peau, jusqu'au pli de mes genoux.

    je ne suis plus que douleur et plaisir.

    je ne suis plus que Soumise, entre ses doigts, et tellement de plaisir envahit mon corps que je ne suis plus capable de ne pas trembler, que je ne suis plus capable de ne pas gémir, et gémir encore.

    Gémir à chaque coup, à chaque caresse, à chaque douleur...

     

    La peau de mes fesses est brûlante, mais pour rien au monde je ne voudrais que la douleur cesse, et je murmure "merci" chaque fois que sa main claque plus fort sur ma peau.

     

    Il retire sa main chaque fois que mes reins se cambrent, faisant traîner le supplice, le délice, plus longtemps encore, et, chaque fois, je le supplie de continuer, en gémissant, en remerciant, en me tendant plus encore vers ses doigts.

     

    Lorsqu'il m'attrape à nouveau par les cheveux, et me retourne, mon dos claquant sur le sol, je croise ses yeux brillants, si brillants, et lui souris.

     

    je le vois se saisir du martinet, et je réalise à quel point Il m'a manqué, à quel point son sadisme se déversant sur ma peau m'a manqué, à quel point le manque s'enfuit de moi, à chaque coup, et à quel point c'est bon.

     

    De moi-même, j'écarte les cuisses, lui offrant ce qu'il aime le plus rougir, marquer, malmener, sensibiliser au maximum, pour pouvoir se délecter de la douleur qui en résulte, des jours après encore, sans même avoir besoin de frapper à nouveau.

    je crie à chaque coup, autant de plaisir que de douleur, et me tends davantage à Lui à chaque coup, remerciant, encourageant, suppliant du regard.

     

    Lorsque, enfin, les coups cessent, mon corps continue à se crisper régulièrement, comme si la douleur n'avait pas cessé de l'assaillir toutes les 10 secondes, et il faut de longues minutes avant que mon esprit réalise qu'il n'a plus besoin de se bloquer comme ça, puisque la douleur a cessé.

     

    Mon Maître me soulève, et, au moment où Il s'enfonce en moi, un dernier spasme me secoue des pieds à la tête, libérant avec lui le reste des douleurs liées au manque, qui m'avaient faite souffrir depuis si longtemps, il me semble...

     

    A peine nos deux corps séparés, je réalise qu'il n'y a plus de peur, en moi.

    Plus de peur, plus de tristesse, plus de mal-être, plus rien.

    Rien d'autre que du soulagement, et de l'amour.

    Juste ça.

     

    Et je remercie le Ciel de m'avoir donné le droit de savoir ce que c'est que d'être une Soumise.

     
     
     
     

     


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