• Le chien sur la tombe de son Maître

    "Qu'est ce que ça va changer, hein, que tu restes assise là comme le chien sur la tombe de son Maître ? Viens avec nous. De toutes façons, je ne te laisse pas le choix. On a besoin d'aide."
    Elle me tire par le bras, et je sens mon corps qui était accroupi et affamé se soulever, se relever de force.
    Un instant, l'idée de résister me prend. Parce que j'ai l'impression d'avoir vraiment envie de rester assise devant cette porte, à quelques mètres d'elle, jusqu'à ce qu'elle s'ouvre, même si en réalité, je n'en ai pas envie, parce que c'est trop long, le temps qu'elle s'ouvre.
    Mais à peine debout, je lui suis reconnaissante, de le relever de force, mon corps.
    Parce que je sais bien qu'elles n'ont pas tant besoin d'aide que ça. je sais bien qu'elles sont accoutumées à se débrouiller seules, et qu'elles n'ont besoin de personne.
    je sais bien que si elle relève mon corps de force, c'est pour mon bien, parce qu'elle m'aime.
    Et c'est bon, si bon, de se sentir aimé.

    Avant que le moteur démarre, je me souviens, d'avant, de ces moments là, et je panique un petit peu. Craignant d'avance que la réponse soit non, je propose ce qui manque.
    j'enrage en moi-même quand le non redouté me saute au nez, traînant derrière lui son chariot de ce qui ressemble à de la rancœur, absurde et non justifiée.

    Sur la route, j'entends à peine les petits. Sa phrase me revient et me reste en mémoire, m'empêchant d'entendre le reste. S'y accroche fort, sans la lâcher, ma mémoire.
    "Comme le chien sur la tombe de son Maître."

    je pense un instant à mon Maître. Le vrai. Dans cette autre vie qu'elles ne me connaissent pas. j'ai envie de sourire, mais ça passe avant que je n'aie le temps de le faire, parce que je me dis que, dans l'histoire, le chien sur la tombe de son Maître, il s'est laissé mourir. Il s'est couché en rond immobile sur la dalle grise unie de béton rectangulaire, et il s'est laissé mourir.
    Et si quelqu'un l'avait soulevé, lui, il aurait montré les dents, et il aurait continué à se laisser mourir. Par amour.
    C'est pour ça qu'il est si beau, le chien. Même s'il est noir sans reflets, et qu'il est trop maigre, et que c'est un bâtard.
    Si un jour je suis couchée sur une tombe, et que quelqu'un me tire par le bras, est-ce que je montrerai les dents ? Ou est-ce que je serai reconnaissante, encore, comme aujourd'hui, à la main qui me soulèvera?
    je crois que je serais plus belle, si je montrais les dents. Belle comme le chien bâtard.

    j'ai envie de pleurer, parce que j'ai envie d'être belle, mais que je ne veux pas mourir.
    Mais je n'en ai pas le temps, de pleurer.
    "Go ! Go ! Go !"
    Elle font les commandants qui font descendre leurs parachutistes du Jumpy en opération commando, et les petits rient à s'en briser les côtes, en me bousculant pour que je saute de l'aile plus rapidement.
    Je me surprends à rire, comme eux, en atterrissant à pieds joints sur le parking, et je culpabilise, en entendant le claquement de mes pieds sur le béton, le béton comme la tombe, de l'avoir imaginée, cette tombe, puisqu'il n'y a pas encore de tombe.
    Et qu'il n'y en aura pas.
    Comment est-ce qu'il pourrait y avoir une tombe au milieu de ces rires? Comment quelque chose pourrait oser abîmer ces rires là?
    Il n'y aura pas de tombe.

    "Porte A. Porte B."

    Elle font en souriant de grands mouvements de bras, et les trois équipes de copilotes se séparent d'un bout à l'autre du parking en suivant leurs indications.
    Avec une discrétion qui me surprend.
    Une organisation peu commune.
    Des ombres parmi les ombres, qui, comme par miracle, se fondent dans la masse comme si elles n'existaient pas, et ne sont pas remarquées, malgré les étouffements de rires des moins de 1 mètre 10.
    Les clins d'œil se font de loin, d'une allée à l'autre, à travers les vitrines, sur la pointe des pieds, éphémères et discrets, au-dessus de tous les autres visages, qui ne savent pas, au nez et à la barbe des vigils, avec leur talkies-walkies qui grésillent pour rien, puisqu'ils ne voient rien.

    Une main se serre fort dans la mienne, m'obligeant à ralentir, à m'arrêter, presque.
    "Regarde! Ils l'ont oubliée !"
    Son regard, relevé vers le haut, est immobile. Emerveillé.
    Je lève les yeux comme lui pour chercher ce qu'il a vu.
    C'est une boule de Noël, en papier mâché, oubliée accrochée au dessus de nos têtes, que je n'aurais jamais vue, si sa main ne s'était pas serrée fort autour de la mienne. Que personne n'aurait jamais vu, si nous n'étions pas passé.
    Je n'aurais pas vu non plus, sans son regard à lui, que le plafond est en vitres, et qu'il laisse voir la forme des nuages.
    Personne ne voit.
    Je baisse la tête et lui souris.
    "Oui. C'est encore Noël, ici."
    "C'est pour ça, qu'ils ont une salle de bains de princes ?"
    Un instant, je me demande s'il se moque de moi. Il me paraît si grand, déjà, pour y croire encore. Mais peut-être que le temps ne passe pas aussi vite que je le crois.
    Parce que ses yeux ne mentent pas. Qu'il ne fait pas semblant. Et qu'il y croit vraiment.
    "Oui, c'est pour ça."
    Il paraît si heureux.
    Je passe une main dans ses cheveux. C'est tellement simple, de mentir. Simple comme ses cheveux sont fins.
    C'est presque mal.
    Mais pas tellement.
    Parce que tant qu'il y croira, il sera Vraiment un Prince.

    Le QG est au fond du couloir carrelé du milieu de la galerie, et je presse le pas, en tirant derrière moi mon Prince au regard flemmard. Les équipes se rejoignent, en étouffant leurs rires.
    "Chut! Chut ! "

    Elles leur disent "chut", mais elles rient aussi, de les voir rire.
    Le grenat sombre, impersonnel, et les joints gris des carreaux, me rappellent ma honte. Ma honte de la fin, quand je ne croyais plus aux princes mais qu'il n'y avait pas le choix.
    Il aurait fallu que ça s'arrête avant. Mais ça ne pouvait pas.
    je ne leur en veux pas, à elles, de ne pas avoir su que quand on n'est pas encore un adulte physiquement, mais que l'on n'est plus un enfant mentalement, le droit à la pudeur est important. je ne leur en veux pas de ne pas avoir su à quel point c'était important, et à quel point j'ai eu honte.
    j'en veux au grenat des carreaux et au gris des joints, c'est tout.

    Mon éponge danse dans les tourbillons humides, sous des petits yeux gris, brillants, ravis.

    Je remercie le ciel que nous soyons seuls.

    L'odeur du Vivel-Dop Fraise-cerise s'élève rapidement autour de nous, enrobant nos esprits. Les petits rient et mes complices ne cessent de murmurer "chut!", en jetant à la dérobée des coups d'œil inquiets à la porte mi-close derrière nous.
    Et puis... arrive ce qui devait arriver. Ce qui arrivait une fois sur deux.
    Mon ventre se noue, se retourne, pour les petits.
    Se retourne pour moi. Se retourne pour tout. Je ferme les yeux et me sens défaillir. Mais il ne faut pas. Si je perds pied, je vais lâcher mon prince, et il va tomber des carreaux glissants, et il va se casser.
    Ils paraissent si insouciants. Ils ne voient pas les regards.
    Ils croient qu'ils sont des princes.
    Ils n'ont pas honte comme j'avais honte.
    je ne sais même pas s'ils ont remarqué que nous ne sommes plus seuls.

    Après les regards, comme si mon ventre n'était pas déjà assez noué, les mots suivent.

    je ne sais plus les mots. je ne m'en rappelle plus vraiment. je crois que je les ai oubliés volontairement.
    je ne me rappelle que du "ça", pour désigner nos Princes.

    Un bisou entre les deux yeux, sur le front, là où la peau est la plus douce, et le petit ver luisant à la fraise-cerise Vivel Dop se retrouve sur ses pieds.
    Il râle. "tu fais chier, c'est mal rincé."

    j'ai envie de lui dire de ne pas parler mal. Mais j'ai tellement la haine que je parlerais dix fois plus mal que lui, si je desserrais les dents.

    Une paume de main rapide sur mes lèvres, pour en retirer la mousse du bisou. Un regard de pardon à mon prince, parce que c'est mal rincé.
    Et cette même paume qui descend jusqu'à ma poche, sur la lame de Marco. La lame dont les reflets d'argent ont dansé joyeusement dans la nuit, hier, sous les étoiles.
    Mais qu'est ce que je fais ?

    Elle me jette un regard noir pour me retenir. Elle a compris. Comment ? je ne sais pas.
    Bien sûr, elle ne sait pas pour la lame, mais elle a compris pour le reste.
    Seulement, son prince à elle aussi va glisser, si elle le lâche.
    Et moi mon ventre est à l'envers.
    Bien sûr, j'ai honte. Mais mon ventre est à l'envers.
    je ne sais plus mes mots. je ne m'en rappelle plus. je crois que je les ai oubliés volontairement. Parce qu'ils n'ont pas traduit le quart de mon mal-être. Ni même le huitième. Ni rien. Tout est resté.

    La lame, sous ma main tremblante, n'a pas quitté ma poche. Et ma voix s'est brisée. je ne suis même pas sûre d'avoir parlé dans la bonne langue. Ni d'avoir parlé assez fort pour qu'elles m'entendent.

    Leurs deux culs ont roulé sur eux-même dans leurs jupes serrées quand elles ont rejoint la galerie marchande et leurs roulements de cul ont eu quelque chose de méprisant.

    Seule au milieu du couloir, plus petite que jamais, j'ai regretté du plus profond de moi-même qu'elles n'aient pas vu la lame.

     

     J'ai des larmes de mal-être dans les yeux, et le Jumpy n'est plus un avion, et j'ai perdu mon parachute, et mes doigts caressent distraitement la lame dans ma poche, et mes yeux se perdent sur le dehors qui défile, et mes bras repoussent les petits.

    Le Jumpy, sur les dernières routes, celles de campagne, prend les flaques d'eau à fond, et les Princes ont peur des crocodiles, et le bateau va couler, et leurs hurlements de joie ne suffisent pas à enlever mes larmes au coin de mes yeux.

    "S'il te plaît, fais un effort. Pour eux."
    Sa voix est basse. Si douce. Presque un murmure. Il n'y a que moi qui peux l'entendre. je me demande même une seconde si je ne l'ai pas imaginée.
    Il y a tant de patience et d'amour dans son murmure.
    Tant de sacrifice de sa propre haine, de son propre mal-être, qu'elle a appris depuis si longtemps à faire taire pour nos Princes, comme elle veut que je le fasse à présent.
    Ma haine fond quand mes yeux croisent les siens. je croyais que c'était impossible, qu'elle fonde. Pourtant, elle fond.
    Raison.
    Résignation. je ne sais pas... Beauté.
    Elle est si belle, avec son regard presque triste, qui insiste dans le mien.
    J'ai envie de pleurer d'amour.
    De pleurer d'amour.

    je regarde les bras et les jambes de nos princes qui s'agitent dans tous les sens dans leur lutte contre les crocodiles.
    je la regarde à nouveau.
    Son regard a changé. Si peu. A peine. Elle a simplement compris que ma haine est en train de se taire tout doucement.
    Elle sait que j'ai envie de lui ressembler.
    Et, ça elle ne le sait pas, mais ma main, dans ma poche, ne pense plus qu'à une chose à présent: rendre sa lame à Marco. M'en débarrasser.

    Elle me sourit. D'un sourire à travers le rétroviseur, dont il me manque le bas, mais dont je sais l'existence, à cause des petites rides aux coins des yeux qui ne sont pas des rides de vieillesse.

    Je prends une grande bouffée d'air dans laquelle Vivel Dop s'impose de toutes ses forces, et je me force.
    je pousse un cri aigu, un cri hippie de chasseuse de crocodiles, qui en déclenche d'autres, autour de moi, et je retire d'un coup la baguette de bois qui retenait la fenêtre de la péniche fermée, et l'eau de la flaque, non, pardon, le courant de la rivière, s'engouffre à l'intérieur, arrosant les visages ravis de nos Princes, qui se penchent au dessus du vide, en hurlant joyeusement leur douleur d'être dévorés vivants par les crocodiles.
    Elle me jette un faux air de reproche, pour la fenêtre, mais elle ne me reproche rien, et sa poitrine se soulève doucement d'un soupir de soulagement lorsque ses yeux reprennent leur place sur la route, après avoir vu sur mes lèvres un sourire triste, à la fois forcé et voulu, dont la tristesse ressemble étrangement à la beauté de son regard, une demie-minute plus tôt.

    Le même soupir de soulagement que lorsque j'ai fini d'écrire.
    Un instant, l'idée que c'est parce que Elles, que je soupire de soulagement lorsque je finis d'écrire me prend.
    C'est parce que Elles.
    Elles qui inventent un monde pour les Princes lorsque rien ne ressemble à un monde de princes. Elles qui s'oublient derrière des histoires pour faire naître des sourires.
    Elles qui maîtrisent en faisant mine de ne pas maîtriser. Elles qui sont Actrices la moitié du temps en n'en ayant qu'à moitié conscience.
    Assise sur mes fesses, inutile avec mon stylo qui danse, je suis Actrice comme Elles, même si, comme elles, je n'en ai qu'à moitié conscience.
    Je reprends ma demie conscience manquante aujourd'hui, un instant, à peine, dans le Jumpy, au milieu de la rivière des crocodiles, au milieu des rires des Princes, un instant, à peine, juste après le regard qu'Elle vient de me montrer, et, déjà, j'ai oublié. J'ai oublié et, de transparente, ma conscience redevient opaque, et tellement moins jolie.


    Sur le sable, je tends sa lame à Marco, et son air sur moi se fait moqueur, puis déçu. Déçu, parce qu'il m'a appris, dans les étoiles, au milieu des reflets argentés, pour que je sois plus forte, pour rien.
    Déçu, et tout mon être se remplit du besoin de soumission.
    j'ai besoin de me soumettre à mon Maître. Puisque je ne me bats pas, puisque je choisis de ne pas me battre, j'ai besoin de me soumettre. C'est soit je me bats, soit je me soumets. Mais entre les deux, c'est trop dur. Entre les deux, ça ne vaut pas la peine.
    Et moi je ne veux plus de cette lame.
    Et moi je ne veux pas me battre.



    "Pourquoi tu pleures, petite châtaigne?"
    Je pouffe de rire sur le sable, parce que "petite châtaigne", ça fait vraiment débile, et que j'ai envie que mon Maître m'insulte.

     

    Il a le visage de celui qui est content mais ne veut pas trop montrer qu'il est content.
    A peine un petit sourire, et je me fonds immédiatement contre sa chaleur.
    "Soumets-moi. Soumets-moi."

    Je le sens se crisper contre moi dans mes murmures et, un instant, je me demande si "soumets-moi", ça se dit ou non, parce que j'aurais honte, si ça ne se disait pas, mais que je ne sais pas comment dire autrement, et que j'ai tellement besoin de demander, j'ai tellement besoin.

    Il me repousse sans me faire mal, et referme la porte derrière nous, en passant son bras au-dessus de mon épaule.
    A peine le dernier rai de lumière sur nos peaux évadé, je m'agenouille à ses pieds, et le fixe, pour qu'Il comprenne. Que c'est urgent. Que j'ai besoin de mon Maître.

    Mais Lui aussi, comme Marco ce matin, il me regarde avec un air déçu de moi, et son air me fait mal.

    je baisse les yeux, mais ce n'est pas pour le jeu. C'est parce que, vraiment, j'ai honte. Tellement honte.
    Honte de réaliser qu'en réalité mes "Soumets-moi" ne me mettent pas mal à l'aise parce que j'ai peur qu'ils ne se disent pas, mais parce que j'ai peur qu'ils ne veuillent plus dire autant qu'avant.

    Lorsque je relève à nouveau les yeux, il me regarde, et, sans qu'aucun mot ne franchisse ses lèvres, je comprends.
    je comprends que ma peur est justifiée.
    Justifiée, puisque ses yeux me disent que l'étrangère à genoux devant lui n'est pas sa soumise, pas autant qu'elle l'a été, et que ce décalage entre avant et maintenant lui fait mal.

    S'Il me soumet maintenant, ça ne ressemblera pas à avant.
    ça n'égalera pas avant.

    Parce qu'Il n'a pas choisi cette nuit si je devais dormir à ma place ou à côté de Lui. Parce qu'Il ne m'a pas forcée à manger ni aujourd'hui, ni hier, ni avant-hier. Parce qu'Il ne m'a pas dit si les vêtements que je porte sont ceux qu'Il voulait pour moi aujourd'hui ou non. Parce qu'Il ne m'a pas demandé à quelle heure je rentrais, et qu'Il n'a pas commencé à s'inquiéter cinq minutes avant l'heure dite, et que je n'ai pas commencé à stresser cinq minutes avant l'heure dite de peur d'être en retard. Parce qu'Il n'a pas décidé pendant combien d'heures je souffrirais de son absence, ni pendant combien d'heures je sourirais de sa présence, et cela depuis trop d'heures. Parce qu'Il n'a pas levé la main au-dessus de moi pour me faire trembler, et finir par m'embrasser, une fois ma peur assez forte. Parce qu'Il ne m'a pas dit "je t'aime" avec les yeux, comme seuls ceux qui ne parlent pas savent le faire, après m'avoir laissée sans savoir pendant assez longtemps pour que ça me réchauffe d'un seul coup. Parce qu'Il ne m'a pas regardée avec cet air secret qui dit qu'Il est le seul à savoir comme je suis faible, mais qu'Il ne le répétera pas, promis. Parce que les marques de Lui sur ma peau ne sont pas rose soutenu, mais beige pâle. Parce qu'Il n'a pas consolé mon cauchemar de la nuit dernière.

    je sens les larmes me monter aux yeux, parce que, à genoux devant Lui, je ne me sens plus aussi belle pour Lui qu'avant, et que, s'Il me soumet maintenant, nous savons tous les deux que ça ne sera pas aussi beau que ça l'a été tant de fois avant.
    je sens les larmes me monter aux yeux, parce que je vois dans les siens que nous sommes tous les deux en train de penser la même chose, et que ça nous fait mal.

    je sens les larmes me monter aux yeux, parce que s'il décide de ne pas me soumettre, je vais m'éteindre tout doucement, puisque j'ai choisi de ne pas me battre, et que, entre me battre et me soumettre, je ne vois rien. Rien de vivant. Que du gris.

    Du gris comme les joints des carreaux, entouré de grenat.

    Mes lèvres articulent sans prononcer les sons "soumets-moi", une dernière fois.
    Mais la déception n'a pas quitté ses yeux, et ses bras me relèvent.

    De force.

    Comme le bras de ce matin.


    j'ai peur du gris.


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