• Entre Terre et Mer

    J'ai un bâton de réglisse à peine sucré entre les dents, et je pouffe de rire toutes les trente secondes, toute seule, derrière ma fenêtre.

    Je viens de rentrer du travail, la maison est silencieuse, car je suis la première, et je m'amuse de l'étrangeté de nos nouveaux voisins, qui ne peuvent pas me voir, derrière les petits rideaux colorés et immobiles de notre fenêtre.

     

    "Pourquoi tu ris, mon chou ?"

     

    Je ne l'ai pas entendu rentrer, mon Maître aux pattes de velours, je ne l'ai pas entendu, et j'ai sursauté. Mais sa simple présence, derrière la mienne, est plus douce que tous les satins des palais impériaux, et plus chaude que toutes les flammes des cheminées de marbre qui en ornent les murs.

     

    Je lui souris.

     

    "Regarde."

     

    Il entoure ses bras autour de ma taille, et je sens son souffle, sur le dessus de mon visage, qui fait trembler les petites mèches de cheveux derrière lesquelles je cache dérisoirement une partie de mon expression. Zeste de timidité, zeste d'une retenue inexpliquée qui ne fait pas taire mon sourire, mais m'entraîne à dissimuler un peu de mon visage, un peu de mon regard, à celui des autres. Dérisoire cachette.

     

    Je sens sa poitrine se secouer doucement derrière mon dos.

     

    Derrière les carreaux, de l'arrière du camion de déménagement, plusieurs petites cages grillagées résonnent de gloussements graves et comiques.

     

    "Ce sont... des poules ?"

     

    Je ris doucement. "On dirait bien."

     

    Nos deux rires silencieux se secouent l'un contre l'autre, devant l'étrangeté de ces nouveaux arrivants. Une cage s'est ouverte, et les poules courent en tous sens en poussant des cris étouffés, pendant que des mains tendues les poursuivent, les loupant juste au moment de les saisir. Lorsque le dernier petit volatile passe la porte de la maison, et que la porte se claque, rendant son silence à la rue, j'essaie d'imaginer où pourront bien vivre toutes ces poules, dans la toute petite maison où elles sont entrées.

     

    Ne sentant plus de chaleur derrière moi, j'oublie les poules, et me retourne.

     

    Il est là, à quelques pas derrière moi. Il regardait mes épaules se secouer de petits rires, peut-être. Je lui souris.

     

    Il me semble pouvoir sentir Sa chaleur, même sans qu'il me touche. Il suffit qu'Il me regarde, et j'ai chaud. Je ne pense plus à ma petite timidité, je ne pense plus qu'à sa chaleur, à la chaleur de son regard.

     

    Comme une évidence, je sens mes jambes se plier, et mon corps s'agenouiller aux pieds du sien. Je sens qu'il sourit. Il y avait longtemps, oui, longtemps, que je ne l'avais pas accueilli ainsi. Peut-être bien un mois et demi, peut-être un peu plus.

     

    je pense à ma petite honte, pas si petite que ma timidité, et puis plus récente, si récente, et puis encore tellement là. je crois que c'est ma petite honte, qui me fait plier, à nouveau. Si je pouvais, je demanderais à nouveau pardon. Si je pouvais, je demanderais pardon chaque jour. Chaque jour. Mais il me fait taire, quand je demande pardon. Et je reste avec tous mes pardons au fond du cœur. Lourds, si lourds.

     

    Il fait un pas vers moi, prend mon menton dans sa main, et me fait relever le visage. C'est lorsque j'ai mon menton au creux de sa main, que je réalise à quel point je suis petite. Une simple pression de ses doigts, de ses doigts bouillants, autour de ma peau, suffirait à m'écraser. Suffit à me protéger.

     

    Il se penche, joint ses lèvres aux miennes, et j'ai envie de pleurer d'amour.

     

    Sa main libre ramène mes cheveux en arrière, et libère mon visage de sa petite timidité. Je contemple son regard, en imprègne mon cœur et mon âme, je fais des réserves, puis baisse les yeux.

     

    "Lève-toi."

     

    A contre cœur, j'obéis. Je voudrais pouvoir rester à ses pieds tout le temps, je voudrais pouvoir n'être toujours qu'à ses pieds, je voudrais pouvoir lui prouver, sans plus jamais m'arrêter, lui prouver que je suis à Lui, lui rappeler ma dévotion, la lui raconter, avec mon corps replié, sans cesse plus bas que le sien.

     

    Il prend ma veste, me la tend, et me dit de le suivre. Il me sourit, mais il y a dans sa voix quelque chose, quelque chose que je reconnaîtrais entre mille, quelque chose qui me dit que j'ai envie de garder les yeux baissés, et de lui dire "Vous".

    Quelque chose que je bénis de tout mon être. Quelque chose que j'avais oublié d'espérer et d'attendre, et dont l'importance et la valeur m'est revenue, avec ma petite honte.

    Quelque chose qui, contre toute attente, fait sourire mon cœur, et m'apporte moins de crainte que de soulagement.

     
     

    La voiture s'éloigne de la ville, et roule pendant longtemps. Je réalise qu'il est presque 18H, et qu'il fait toujours clair. Je réalise que ce sera bientôt le printemps, et qu'au printemps, toute la lumière, et toutes les couleurs, reviennent. Je réalise, et je jette un coup d'œil furtif à mon Maître, et je souris. Je jette un deuxième coup d'œil à mes pieds et souris à nouveau, car il y a là un sac dont je ne peux pas douter de la contenance.

     

    Un sac qui m'a faite frémir, qui m'a faite pleurer, et qui, ce soir, me fait sourire et remercier le ciel de toutes mes forces.

     

    Petit à petit, les champs agricoles, les haies de cyprès, et les peupliers disparaissent, laissant leur place, autour de nous, aux étendues d'eau, de ciel, de fines bandes de terre longeant les marais, aux prairies à moitié inondées dont on imagine à peine la couleur, cerclées d'étangs, cerclées de cette Mer, qui peu à peu, centimètre par centimètre, années après années, vient noyer les terres gorgées de sel, qui se dérobent sous nos pieds.

     

    Les hérons, pourpres ou cendrés, et les flamants roses, apparaissent sur leurs longues pattes immergées, au milieu des rizières, envahies par les saladelles et les salicornes, mais désertées par les arbres, au milieu  des digues, dérisoires tentatives humaines pour retarder l'eau, dérisoires, comme la finesse de mes cheveux, pour dissimuler ma timidité.

     

    Les hérons ont des mouvements lents, et saccadés, comme si chacun de leurs gestes était réfléchi. Il me semble que mes pensées sont comme les gestes des hérons : ralenties, réfléchies. Il me semble, que, à mesure que mon Maître et moi nous enfonçons dans ce paysage pâle et brumeux, je perds toute rapidité, je perds toute notion du temps et de l'espace.

     

    Lorsque la voiture ralentit, et s'arrête, je ne réalise pas tout de suite.

     
     

    "Déshabille-toi."

     

    La première réaction qui me prend toujours dans ces moments là me prend. Discrètement, je jette un regard tout autour de nous, sentant mon cœur s'affoler dans ma poitrine.

     

    Une gifle bien méritée s'abat sur ma joue, et je suis heureuse, si heureuse.

    Elle ne m'a pas fait réellement mal, mais j'ai senti, à nouveau, l'emprise de mon Maître se resserrer autour de mon âme, j'ai senti, à nouveau, l'envie s'affoler dans mon bas-ventre, j'ai senti cette nature profonde qui me transforme s'éveiller en moi, et, en gardant les yeux baissés, je me suis déshabillée.

     
     

    J'ai honte de ces sous-vêtements trop simples, j'ai honte de ces sous-vêtements tout-court.

     

    J'avais oublié ce que c'était, que d'être devant son Maître, dans une tenue qui n'est pas la hauteur.

    Il y a encore si peu, je prenais soin, à peine rentrée, de me changer, et de faire de mon corps une offrande, au cas où. Il arrivait que l' "offrande" reste emballée, et je ne m'en offusquais pas. Je m'endormais, et je ne m'en offusquais pas. Mais j'avais chaque fois si plaisir à ce "changement" des tissus au plus près de ma peau, juste pour Lui, juste pour être à la hauteur,  au cas où il déciderait de me dire d'être nue.

    Je ne sais pas ce qui, progressivement, et en si peu de temps, m'a fait oublier de me changer pour Lui. Mais ce soir, au milieu de la brume, je le regrette, j'ai honte, et je me jure, oui, je me jure, de ne plus oublier.

     

    La honte me rend maladroite, et c'est maladroitement que je retire ces tissus trop simples.

     

    Je sens les mèches de mes cheveux retomber, et me cacher, comme si leur présence pouvait cacher en quoique ce soit ma nudité. Je frissonne.

     

    Je me rassure silencieusement, me disant qu'il ne peut y avoir personne, personne à part nous, au milieu de ces étendues noyées et désertiques.

     

    Je sens mon collier s'entourer autour de mon cou, et je souris.

     

    "Pourquoi tu pleures?"

     

    "Je ne pleure pas, Monsieur, je suis heureuse. Heureuse d'être à Vous."

     

    J'ai dit Vous, et Monsieur, avec un tel soulagement qu'une seconde larme m'a faite sourire.

     

    "Alors, à genoux, chienne."

     

    La cordelette reliée à mon collier s'est tendue brusquement vers le bas, et mes genoux se sont cognés mollement sur le sol. J'ai retenu un petit cri de douleur. Mon ventre brûle d'envie. Brûle d'envie de Lui.

     

    Le sac quitte la voiture,  la portière se claque, et la cordelette me tire vers l'avant. N'ayant pas d'autre choix, les paumes de mes mains se posent à plat sur le sol humide, et c'est à quatre pattes, que je le suis, sur ce chemin de terre et de gravier, au milieu de rien. Il a dit "chienne". Il avait raison.

     

    Mes genoux, le dessus de mes pieds, et l'intérieur de mes mains, s'écorchent et s'égratignent sur les graviers, au milieu desquels les coquilles tranchantes des tellines, les petits coquillages qui n'existent que dans ces lagunes perdues, coupées du monde, tracent de longs sillons de sang sous mes mollets, lorsque mon Maître presse le pas, et que je n'arrive plus à avoir le temps de les soulever.

     

    Un petit caillou, plus coupant que les autres, m'immobilise. Je gémis, me repliant un peu sur moi-même. La cordelette se tend.

     

    "Tais-toi. Avance."

     

    Je me tais. Et j'avance.

     

    Le chemin se fait étroit. Il n'est pas étroit pour mon Maître, qui est debout, mais il est étroit pour moi, qui suis à ses pieds. Je regarde avec anxiété l'eau, si proche de moi. Je regarde la pente qui longe le chemin. Je regarde... et je me sens trébucher, glisser.

     

    Je pousse un cri d'effroi, j'entends les hérons qui s'élèvent, et s'enfuient, j'entends leurs ailes, j'entends l'eau, sous mes genoux, je sens la douceur humide des racines entremêlées, sur le rebord de la rizière, qui s'entourent autour de mes chevilles.

     

    Je relève les yeux, et cherche secours dans ceux de mon Maître.

     

    "tu as vu dans quel état tu t'es mise ! tu as vu ?"

     

    Sa voix ne s'est pas élevée plus haut qu'un murmure.

    Je baisse les yeux vers mon corps, et vois sur ma peau blanche les sillons dansants d'une boue fluide, au milieu de laquelle ruisselle un peu de mon sang.

     

    Il tire un coup sec sur ma laisse, et je relève à nouveau le visage vers Lui.

     

    "Est-ce que tu vas demander pardon, au moins ?"

     

    Mon cœur vient de s'alléger. De s'alléger de milles kilos.

     

    Lui comme moi savons bien que je vais demander pardon. Mais que ce n'est pas pour la boue, ni pour le sang. Lui comme moi savons bien qu'en dehors du jeu, je n'aurais pas pu demander pardon, puisque Lui ne l'a jamais fait. Lui comme moi savons très bien que si je ne demande pas pardon, je vais m'éteindre à petit feu.

     

    Je plonge mon regard dans le sien, et je murmure "pardon Monsieur."

     

    Il me sourit.

     

    Je répète, encore, et encore "pardon, pardon, pardon."

     

    Mes larmes dessinent avec mon sang, et avec la boue, des sillons sur mes seins, et sur mon ventre.

    J'ai froid.

     

    Il m'aide à remonter, je retombe plusieurs fois, écorchant, et écorchant encore ma peau nue.

     

    C'est pourtant à genoux, que je le suivrai, et cela jusqu'au bout de ce chemin interminable. Malgré la douleur, je lui si reconnaissante. Si reconnaissante. Et pour rien au monde je ne finirais de parcourir ce chemin autrement qu'à genoux.

     

    Lorsqu'il s'arrête enfin, et que je relève les yeux devant nous, je vois, nous faisant face, deux immenses pyramides grisâtres, qui brillent dans la lumière tombante du jour, et derrière lesquelles un paysage lunaire s'étend à perte de vue, leur ôtant toute consistance.

     

    Je jette un regard interrogateur à mon Maître, qui sourit. Je sais, à son sourire, que mon cœur va s'affoler, que mon corps va se tendre, que mon ventre va se tordre, que mes gémissements vont trembler, que mes lèvres vont remercier.

     

    Et je lui rends son sourire.

     

    Il tire la cordelette vers le haut, me contraignant à me relever. Chacun de mes muscles me fait souffrir, je gémis, le plus doucement possible. Les plaies sur mes genoux se resserrent, lorsque ceux-ci se tendent, enfermant en eux de minuscules gravillons.

     

    Doucement, mon Maître saisit mes épaules, et me pousse vers l'avant. Il me pousse vers l'une de ces deux immenses pyramides grises.

    Ses mains descendent le long de mes avants bras, saisissent mes poignets, ouvrent mes doigts, et les tendent vers cette matière granuleuse et humide. Il plaque mes mains ensanglantées contre la paroi, un cri de douleur s'élève dans ma gorge, et je comprends que ce qui est devant moi est du sel.

     

    La piqûre lancinante du sel remonte jusque dans mes poignets, j'ai un mouvement de recul, mais le corps de mon Maître, derrière moi, me maintient fermement, et me pousse, plus près, plus près, encore plus près. Mes genoux, et mes mollets, rejoignent à leur tour le sel, qui y déverse des ondes de douleur qui me font encore gémir. Mon Maître me maintient longtemps contre la paroi salée de la pyramide, et, minute après minute, je ne sens quasiment plus la douleur. Lorsqu'il me relâche enfin, je ne m'y soustrais pas, et je reste immobile, plaquée contre le mur de sel. Une caresse dans ma nuque me fait frémir.

     

    J'entends le sac s'ouvrir, je souris.

     

    Je me jure de rester immobile.

     

    Le premier coup tombe, au milieu de mes reins, non retenu, m'arrachant un petit cri aigu de douleur, et je reconnais la badine. Quoi mieux que la badine, au milieu de cette nature brune claire, pour me faire gémir ?

     

    Les autres coups sont espacés, si régulièrement. J'imagine son regard, derrière moi, qui se délecte de mon corps qui tressaille, qui se délecte de mon souffle qui se coupe, qui se délecte des marques sur ma peau, qui cherche où frapper.

    Ici, pour que la douleur s'ajoute à la précédente, et que je gémisse plus fort ? Ou bien plutôt ici, pour que ma peau zébrée le soit également sur toute sa superficie ?

    J'imagine son regard, qui se délecte de ma douleur, et je me tends, et je m'offre, et je souris.

     

    Mes doigts se crispent dans le sel à chaque coup, faisant corps avec lui.

     

    Je sais que je pourrai endurer autant qu'il lui plaira. Je sais que j'en suis capable. Et cette simple idée humidifie l'intérieur de mes cuisses, plus encore que la douleur.

     

    Mes cris sont à présent des "merci."

     

    Et je sais qu'Il sourit.

     

    Lorsqu'Il frappe le plus fort, je murmure "encore".

     

    Sa voix se fait moqueuse. Il répète "encore?", sachant très bien que je répondrai oui. Et il frappe plus fort que plus fort.

     

    L'intérieur de mes cuisses ruisselle, tout mon corps tremble d'envie, et de douleur. C'est si bon... si bon.

     

    Il frappe mes fesses, le haut de mes cuisses, et, surtout, le creux de mes reins. Frappant deux fois, trois fois, quatre fois, exactement au même endroit, pour entendre mes cris s'intensifier à chaque coup.

     

    "Ecarte."

     

    Et mes cuisses s'écartent.

     

    La badine frappe de bas en haut, lacérant l'intérieur de mes cuisses trempées. Je me tends, puis me soustrais, puis me tend à nouveau.

     

    Les premières larmes de douleur m'assiègent. Jusque là, il n'y en avait pas eu.

     

    J'entends la badine tomber sur le sol. Je sens ses bras me serrer. Je soupire de mercis.

     

    Il me retourne doucement, sortant mes mains du sel, où elles s'étaient engouffrées profondément, à force de s'y crisper à chaque coup.

     

    Et, à nouveau, il me plaque contre le sel.

     

    J'étouffe un cri qui ne viendra pas contre sa nuque.

     

    Chaque zébrure entrouverte sur la peau de mon dos et de mes fesses s'enflamme de douleur, au contact du sel. Tout mon corps est en feu. J'ai chaud, si chaud, au milieu de cette tiède humidité.

     

    Il me soulève doucement, et je comprends. J'entoure mes jambes autour de sa taille, et mes bras autour de ses épaules.

     

    Serrée entre le sel et sa poitrine, je sens son sexe s'engouffrer au creux de mon ventre, et je soupire de plaisir.

     

    Chacun de ses va et viens en moi égratigne mon dos contre le mur de sel, et je crie autant du plaisir et du feu dans mon ventre, que des brûlures incessantes sur mes fesses nues.

     

    Je ne me souviens pas d'une fois où il m'a fait l'amour si longtemps, si intensément. Je ne me souviens pas. Je ne sais pas comment je n'ai pas joui dix fois contre Lui, comment j'ai pu être capable d'attendre que son sexe, et son corps, et ses doigts aux ongles enfoncés profond dans ma peau s'immobilisent , et se tendent, pour jouir en même temps que Lui. Nos deux corps se sont enflammés de désir au milieu de rien, se sont noyés de plaisir comme les lagunes se noient sous le sel. Nos quatre lèvres ont gémi leur jouissance dans cette étendue humide et oubliée, déclenchant l'envol des hérons apeurés, dont les ailes immenses se sont étendues bruyamment au-dessus de notre propre envolée.

     

    Mon corps a cédé lorsque le Sien l'a quitté. Je me suis accroupie, mes jambes ne pouvant plus me porter, et suis restée le dos contre le sel, oubliant la douleur, reprenant mon souffle par à-coups. Lorsque j'ai relevé à nouveau les yeux vers Lui, j'aurais voulu pouvoir Lui dire encore Merci, mais je n'avais plus assez d'air. Je lui ai souri, sans parler. Et je suis persuadée qu'il a compris.

     

    Nous sommes restés longtemps, moi, accroupie, à ses pieds, haletante, à retrouver mon air avec délice, cet air nouveau plein de son regard, de son plaisir, de son pardon, et Lui, debout face à moi, à me regarder, avec cet air de plénitude qu'il prend parfois, en voyant mon corps se remettre doucement de son sadisme, de ses assauts, de sa délicieuse folie, de Lui, Lui, juste et uniquement Lui.

     
     

    Une heure auparavant, dans la lumière, deux silhouettes s'étaient glissées dans ce paysage sauvage et glissant, sur un petit chemin trop étroit. L'une d'entre elles gémissait.

    A présent, dans la presque nuit, sur ce même chemin, une seule silhouette revient de nulle-part. Une seule, avec contre elle blottie la seconde, que l'on ne discerne pas, car sa peau est grisée par le sel, et qu'elle ne gémit plus.

     

    Deux silhouettes qui n'en font qu'une, qui reviennent de la mer, cette mer qui engloutit les terres, jour après jour, cette mer qui, derrière nous, est en train d'engloutir mon "pardon", que je lui ai laissé.

     

    Merci, mon Maître. Merci d'avoir confié mon "Pardon" à la Mer.

     

    Je T'aime.


  • Commentaires

    1
    Vendredi 23 Mai 2008 à 12:48
    entre terre et mer
    bonjour je vient te souhaiter une tres bonne journee tres beau ce ke tu ecrit
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